
Le quotidien belge francophone Le Soir a contesté ici deux informations données dans mon article sur Bruxelles. Je conteste à mon tour.
* Je confirme que Bruxelles est bien la ville la plus
encombrée du monde occidental devant Anvers et Los Angeles (Paris n’est plus
que sixième). Les chiffres et les tableaux publiés le 24 avril par l’Inrix
(fournisseur mondial d’information trafic) sont ici.
* D’autre part, je maintiens que Bruxelles-Capitale est l’une
des villes les plus dangereuses d’Europe pour les usagers faibles : une
bonne partie des trottoirs sont dangereux, car défoncés et quasi impraticables
par des personnes âgées, handicapées ou des poussettes, les pistes cyclables en
site propre sont rarissimes, les passages piétons insuffisants, mal indiqué,
mal éclairés la nuit, les abords des écoles ne sont pas protégés, les trams et
les autobus sont de vrais dangers urbains, car ils abusent de leur statut
prioritaire, etc., etc.
L’IBSR, que j’ai appelé, m’a communiqué les chiffres sur la période 2005-2011.
On constate qu’il y a une légère aggravation de la situation : en 2005,
1095 piétons tués ou blessés (graves et légers), 354 cyclistes, et 718 motards.
En 2011, 1102 piétons, 436 cyclistes, 869 motards. Pas de quoi pavoiser.
Mais l’IBSR ne se livre pas à des comparaisons
internationales et elles ne sont pas simples à trouver. Je me suis donc adressé
à l’ETSC (European Transport Safety Council) pour en savoir plus. Cette ONG m’a
confirmé que la Belgique est, avec la Grèce, le pays le plus dangereux de
l’ancienne UE à 15 : 80 tués
par million d’habitants en Belgique, comparés à 32 pour le Royaume-Uni, 34 pour
la Suède et 40 pour le Danemark et les Pays-Bas. Pis, elle a été rattrapée, en terme de sécurité routière, par des
pays qui ont rejoint l’UE en 2004. La Belgique est même l’un des pays qui a le
moins réduit le nombre de tués et de blessés parmi les usagers dit « faible ».
Ce qui est vrai de la Belgique, l’est de Bruxelles, une ville qui décourag, par sa dangerosité, l’usage des deux roues (il faut être inconscient pour en faire: il y a d’ailleurs peu de vélos ou même de motos comparés à Paris ou Berlin), ce qui concourre à alléger le bilan humain.
En outre, l’ETSC
considère qu’il y a un problème spécifique à la capitale belge : « la
plupart des cyclistes victimes d’un accident dû aux infrastructures (piste
cyclable défoncée, obstruée par des stationnements, roue qui se prend dans les
rails du tram) ne portent pas plainte (“a quoi bon !”). Du coup, ils ne
rentrent pas dans les statistiques de la police ». Selon l’ETSC, ce bilan
catastrophique de la Belgique est dû à « une combinaison de facteurs
expliquent cette situation parmi lesquels un manque de volonté politique, une
dispersion des responsabilités entre différents niveaux de décisions,
régionalisation de la sécurité routière… de là découlent les autres
facteurs : peu de contrôles de police, très peu de radars fixes,
difficulté à financer une mise à niveau des infrastructures… »

Dessin: Nicolas Vadot