Ce qui est formidable, à Paris, c'est qu'on peut voir la Joconde. Une demi-heure de métro, et hop. La possibilité d'aller voir la Joconde. En ce moment même où j'écris, la Joconde existe : même si je ne la vois pas (en tout cas, pas souvent), elle existe avec matérialité. Elle est peinte à l'huile sur un panneau de bois de peuplier.
Ainsi les étoiles : même quand on ne les voit pas, elles perdurent. Elles existent, constamment. Prenez les planètes, ou les satellites comme Triton, une lune de Neptune : en ce moment même, il fait dans les - 200 °C à sa surface, faite d’eau et d’azote gelés. Il y a sur Triton des océans subglaciaires, comme sur Encelade, Titan, Europe et peut-être Charon. C’est difficile à imaginer mais c’est là et maintenant. Ou prenez, de façon plus globale, la Voie lactée : elle est en forme de disque spiralé, comme la galaxie d’Andromède. Nous autres, Terriens, vivons sur une planète située en périphérie : cet excentrement explique pourquoi nous voyons la Voie lactée comme un ruban, en long, sur le côté du disque.
Lacan dit que le réel, c'est quand on se cogne. Je crois qu'il veut dire par là que : 1) c'est quand on n'a plus de mots, 2) c'est quand l'imaginaire cède la place à du dur, voire à du douloureux. Le réel, c'est à la fois la Joconde là-bas, Triton là-haut, et la Galaxie autour. Le réel n'est pas forcément le visible ou le sensible : une grande partie du réel est précisément ce qui nous échappe.
Un mardi pa