Menu
Libération
Tribune

Le combat ordinaire d’un maire de banlieue

Article réservé aux abonnés
Eviter le fractionnement entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont pas, ceux qui prient et ceux qui ne prient pas... Alain Hajjaj, édile de La Verrière, dans les Yvelines, explique quels sont les enjeux, devoirs et pouvoirs d'un maire d'une petite commune de banlieue, et plaide pour avoir les moyens d'agir.
. (Illustration Stefano Rossetto)
par Par Alain Hajjaj, maire de La Verrière (Yvelines)
publié le 27 mars 2014 à 12h21
Un habitant que je connais depuis longtemps me disait récemment : «Nous demandons des signes d’amour, nos quartiers ont besoin qu’on les aime.» Car, décidément, ce ne sont pas les quartiers qui se sont éloignés de la République, mais la République qui tourne le dos à ses quartiers. Au final, être maire d’une petite ville populaire de banlieue, c’est cela : montrer sans cesse l’attention que l’on porte à chacun.

Et les problèmes sont nombreux dans notre commune : chômage, logement, santé, difficulté de vivre ensemble, solitude, tensions avec la police… les interpellations sont quotidiennes, individuelles ou collectives. Il faut recevoir, aller sur place, prendre des contacts, solliciter, téléphoner, revoir à nouveau, concerter. C’est souvent beaucoup de frustration. On aimerait pouvoir mettre à disposition le logement qui manque, trouver une entreprise locale qui embauche, mais bien évidemment, il nous faut souvent dire que les démarches sont engagées, qu’il faut être patient…

Il y a aussi les moments de joie, la famille qui vous serre dans ses bras parce qu’elle vient d’obtenir un logement, celle dont le fils vient de décrocher un emploi ou une formation.

Expliquer, rassembler, confronter, mais aussi proposer, trancher et oser

Le quotidien d’un maire d’une petite ville populaire de banlieue, c’est donc agir sans cesse pour éviter le fractionnement, l’émiettement, les divisions entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont pas, ceux qui prient et ceux qui ne prient pas, ceux qui ont des attentes sociales fortes et ceux que l’on ne voit jamais, ceux qui viennent aux réunions et ceux qui ne parlent pas, ceux qui squattent aux abords des centres commerciaux et ceux qui étudient. Pour cela, il n’y a pas d’autre solution que l’action de proximité, établir la confiance et mobiliser des réseaux associatifs et individuels.

Un maire de banlieue doit expliquer, rassembler, confronter, mais aussi proposer, trancher et oser. Car, au-delà des grandes questions socia