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Libération
TRIBUNE

A la poursuite du FN : chroniques de campagne

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. (Illustration Stefano Rossetto)
par Sacha Reingewirtz Président de l'Union des étudiants juifs de France
publié le 29 mars 2014 à 15h36

Dimanche 23 mars, 20 heures. Fréjus, Brignoles Beaucaire, Cavaillon, Béziers, Perpignan, Forbach, Hayange, la liste des villes en passe d’être conquises par le FN s’égrène. Hénin-Beaumont est tombé. Au bureau de l’UEJF, c’est la consternation.

Ne rien faire : impossible, il faut réagir. Parler, comprendre, soutenir, mobiliser. Se rendre sur le terrain, combattre pied à pied, le danger qui menace le collectif. Relier, d’un trait de plusieurs milliers de kilomètres, les mille visages de la France. Nous nous sommes retrouvés, militants de l’UEJF, dans les visages de tous ceux qui chez eux refusent de voir leur ville sombrer.

Pendant cette semaine d’entre-deux-tours, nous sommes allés à Hénin-Beaumont, soutenir les habitants sidérés par la victoire éclair de Steeve Briois. Nous avons parcouru les routes du Sud. Nous étions à Fréjus, à Béziers, et quinze jours plus tôt à Saint-Gilles. Je reviens aujourd’hui de Forbach, fatigué, motivé, mais inquiet.

A Hénin-Beaumont, au lendemain des élections, le climat est lourd, électrique. On s'y regarde en chien de faïence. Avec les potes de SOS Racisme, compagnons de ce premier sursaut, nous avons monté un bus pour exprimer aux Héninois notre soutien, et former les premiers comités de vigilance. «Six ans, c'est long …», murmurent-ils la gorge nouée. D'autres tentent de plaisanter : «Moi avec ma tête de métèque, de toute façon, je vais devoir faire mes valises...» Comme pour conjurer les angoisses. Rencontre avec le collectif