On sent flotter dans l’air un désir d’en découdre. Ce n’est pas encore très prononcé, mais cela vient. Les jeunes Occidentaux qui vont – sans même connaître véritablement le Coran – faire leur « djihad » en Syrie ou en Irak ne sont peut-être qu’une avant-garde. Les meilleurs observateurs ont vite remarqué que leur engagement n’était guère religieux, encore moins «ethnique», pas même anti-américain... Non, c’est bien souvent par pur désir d’action et d’enrôlement. Par volonté de trouver une occupation et un destin qui les dépassent.
Cela me fait penser à un passage du documentaire de Xavier Gayan «Place de la République, 30 ans plus tard», où le réalisateur reproduisait le dispositif de Louis Malle en 1972. Sur cette place parisienne, on pouvait entendre un jeune homme de 18 ans avouer sans fard : «j'aimerais quelque chose qui égaie ma vie, faire plus de choses, aller à la guerre par exemple, pour voir ce que cela donnerait (…) j'ai l'impression que l'homme, au fond de lui, il a besoin de violence (…) Il y aura toujours la guerre vu que les gens, ils sont tous différents, ils auront toujours des sujets où ils seront pas d'accord». Ce jeune, comme aujourd'hui ces djihadistes plus ou moins improvisés, veut vivre quelque chose qui rende la vie moins «monotone».
Car tout le monde n'est pas capable de suivre le rythme effréné des affaires du monde, tout le monde n'est pas capable de devenir ces «Turbo-Bécassine» et ces «Cyber-Gidéon» accrocs à leurs écrans, dont parlait