C’était le 3 octobre 1980, un vendredi soir… Le télex, hé oui, pas d’ordinateur ni de portable, crache une dépêche invraisemblable : «une bombe vient d’exploser devant une synagogue française.» Quatre morts, des dizaines de blessés. Je suis «envoyée» rue Copernic qui, ce soir-là, ressemble à Beyrouth. Du verre partout, du sang, des cris, des pleurs, une scène de guerre. Ou d’attentat. Je vois des morts sur la chaussée, pour la première fois.
Le poseur de bombe a, un peu, raté son coup, il avait certainement prévu de faire exploser la moto piégée un quart d’heure plus tard, quand les gens sortent de l’office du Shabbat et traînent dans la rue en bavardant. Des centaines de juifs le vendredi dans cette synagogue libérale du seizième arrondissement. La France est sous le choc. Jamais la communauté juive n’avait été prise comme cible depuis le traumatisme de la Seconde guerre mondiale.
Le 3 octobre 1980 une moto piégée explose devant la synagogue de la rue Copernic. Photo AFP
Les tout nouveaux partis néonazis sont immédiatement accusés. Pour avoir fait un reportage deux semaines plus tôt dans leur local, je ne les crois pas capable d’organiser un attentat aussi professionnel. Une moto achetée, des explosifs venus de Bulgarie, une minuterie sophistiquée… Nos groupuscules fascistes en étaient encore au cocktail Molotov. Mais la France manifestera par centaines de milliers –François Mitterrand en tête— sous la bannière «le fascisme ne passera pas». Par