Ces dernières semaines, un débat a enflammé la scène intellectuelle, culturelle et artistique, autour d’une œuvre de Brett Bailey, Exhibit B. Depuis le début de cette polémique, l’installation a été maintes fois décrite dans la presse et différents médias : des performeurs et performeuses noirs sont «exposés» immobiles, enchaînés, contraints physiquement, dans des mises en scènes directement évocatrices des formes d’exploitation et d’avilissement du colonialisme et de la traite négrière.
L’intention (1) de cette œuvre est de rendre visible ces traitements et cette violence, de confronter les spectateurs aux regards des performeurs et, à travers eux, à celui des victimes. Ce dispositif est discutable. La polémique a lieu et nous nous en félicitons. Nous ne souhaitons pas ici prononcer de jugement sur cette œuvre en tant que telle.
Ce qui importe, c’est que des centaines de personnes ont manifesté publiquement leur désapprobation à l’égard d’Exhibit B. Dans leur immense majorité, ces personnes étaient noires, c’est-à-dire directement ou indirectement issues de l’histoire du colonialisme et de l’esclavage de plantation – et par ailleurs victimes du racisme contemporain qu’ont fait naître ces phénomènes historiques. Ces personnes ont jugé l’installation de Brett Bailey insultante, humiliante, raciste.
Quelles que soient nos positions vis-à-vis du travail de Bailey, nous considérons que ces voix ne peuvent être balayées d’un revers de main, voire méprisées au titre qu’elles n’auraie