Par une victoire claire de Syriza et d’Alexis Tsipras, les électeurs grecs ont avant tout décidé qu’une autre voie était possible. Une voie différente, plus équitable, plus juste, moins pénible.
Reste à prouver que cette voie existe dans l’Europe d’aujourd’hui.
Par ses résultats, le vote du 25 janvier 2015 porte au pouvoir deux partis qui se ressemblent peu. L’un se réclame de la Gauche radicale. L’autre de la Droite nationale. Malgré tout un lien très fort les unit. Tous les deux sont les produits d’une crise qui depuis 2009 plonge le pays dans la dépression, désarticule la société grecque et déstabilise son système politique.
Aux élections d’octobre 2009 les partis traditionnels (Nouvelle Démocratie, PASOK et Parti Communiste) ont totalisé le 85% des voix.
Dimanche dernier, ces mêmes partis en ont totalisé 38% surtout grâce à Nouvelle Démocratie qui parvient péniblement à se maintenir à un 27,8 des voix. Les 53, 5% des électeurs ont voté pour des partis qui soit n’existaient pas, soit étaient complètement marginaux avant 2009.
Le pays a profondément changé, la détresse a bouleversé la vie des gens, ainsi que leurs comportements politiques. Ainsi Tsipras fait son entrée…
Le débat électoral fut essentiellement psychologique, une bataille émotionnelle constante entre la peur, l’espoir, l’aigreur et le ressentiment. Et pour un résultat électoral qui est plutôt un produit de la crise qu’une réponse à celle-ci.
Maintenant le plus difficile reste à faire. Ce nouveau gouvernement si hétérodoxe et en même temps si homogène doit et gouverner et négocier. Gouverner un pays et négocier avec le système européen et le FMI. Mais n’ayons pas de doute: c’est la négociation qui va déterminer sa capacité à gouverner. Sans un accord avec les emprunteurs la situation économique peut de se déstabiliser rapidement et complètement.
Les besoins financiers de la Grèce s'élèvent à 17,5 milliards d’euros pour 2015 auxquels il faut ajouter les 7,2 milliards qui attendent la revue de la troïka pour être remboursés et les 11,5 milliards que coûte le «programma de salut humanitaire» de SYRIZA, selon SYRIZA lui-même…
Cela fait 36,5 milliards qu’il faut trouver quelque part sous risque de faillite d’ici l’été.
En même temps, il sera difficile pour le nouveau gouvernement d’accepter un accord qui donne l’impression d’aller à l’encontre de ses engagements ou de ses promesses électorales. D’avouer donc que cette «autre voie» tant promise et tant applaudie n’existe véritablement pas.
C’est donc un double risque : un risque de faillite économique et de faillite politique. Cela va de soi qu’il ne sera pas facile de choisir. Mais il sera encore plus difficile de ne pas choisir.