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Blog «Annette sur le net»

Des montagnards qui ont de la hauteur

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Dans cette Vallée des Alpes-de-Haute-Provence, à chaque grande catastrophe, la solidarité est une tradition française. Historique.
Seyne-les-Alpes, à proximité du lieu du crash. Alpes de Haute Provence
publié le 25 mars 2015 à 16h19
(mis à jour le 25 mars 2015 à 17h45)

C’est une vallée magnifique au coeur des Alpes-de-Haute-Provence. Aujourd’hui à l’heure de la catastrophe du crash de l’avion de German Wings, ce coin des Alpes, autour de Barcelonnette, est sur la scène mondiale, envahi par la presse, les chefs d’Etat, les secouristes, l’armée et, malheureusement, les premières familles des passagers de l’avion qui arrivent sur ce lieu de cimetière sans sépulture. Et les habitants de cette Vallée, de cette région, se mobilisent avec une générosité qui étonne tout le monde.

Une capture d’écran montre les débris de l’A320 de la compagnie Germanwings qui s’est écrasé près de Barcelonnette, dans les Alpes de Haute Provence. Photo : Denis Bois. Gripmedia AFP TV

Pas moi. Alors j’ai envie de raconter que ces montagnards ont connu d’autres occasions, dans l’histoire, de montrer ce que solidarité veut dire. Au XIXème siècle les habitants de la Vallée de Barcelonnette étaient une «success-story» exceptionnelle. Partis faire fortune au Nouveau Monde, ils se sont installés au Mexique où ils ont monté des filatures, des fabriques, des grand-magasins. Fortune faite beaucoup sont rentrés au pays où ils se sont construit de belles villas. Quand la première guerre mondiale a éclaté, les jeunes hommes, au Mexique ou dans les Alpes, se sont engagés pour se battre, et ont péri dans la grande boucherie. A Barcelonnette, le monument aux morts de la Vallée aligne 509 noms: toute une génération décimée.

Et quand ils se retrouvent dans une autre tragédie, la Seconde Guerre mondiale, les montagnards des Alpes-de-Haute-Provence prouvent à nouveau leur patriotisme, le vrai. Bon alors je vais devoir parler de ma famille. Réfugiés sur la Côte d’Azur sous occupation italienne, comme beaucoup de juifs, mes parents partiront se cacher dans ces Alpes du Sud, à côté de Digne et de Barcelonnette, justement, quand les premiers camions de l’armée allemande entrent dans Nice en septembre 1943. Avec mon frère, petit garçon de 4 ans, ils prendront le dernier petit train qui monte vers les montagnes...

Ils vivront dans ces Alpes, à Digne, Saint-Pierre-d’Argençon, Lus La-Croix-Haute et autres villages, jusqu’à la fin de la guerre, protégés, abrités, par ces montagnards, des villageois résistants, des Justes français. Le drame d’aujourd’hui me permet de rendre un nouvel hommage à ces «anonymes» comme on dit trop souvent. A ces gens bien.

Annette