Je viens de voir en projection le documentaire sur Manuel Valls de Franz-Olivier Giesberg et Virginie Linhard, diffusé lundi prochain sur France 3. Au départ cela devait s'appeler Manuel Valls : le Kamikaze. Peut-être les auteurs à l'époque pensaient-ils que le héros de leur film allait dans le mur - un Kamikaze n'est pas fait pour survivre. Et maintenant, le doc s'appelle Manuel Valls: le Matador. Plus optimiste, un torero, on le sait, a tout de même des chances de gagner sur le taureau à la fin de la corrida.
Manuel Valls écrit un message de soutien, «Nous sommes tous Tunisien» sur le stand de la Tunisie au dernier Salon du Livre à Paris. le 22 mars 2015. Kenzo Tribouillard / AFP.
Valls-le-Matador, bien sûr, en référence à ses origines catalanes. On ne sait toujours pas qui est le taureau qu’il va devoir abattre dans l’histoire - le Matador est le toréador qui tue le taureau dans l’arène. Serait-ce François Hollande pour prendre sa place à la corrida présidentielle de 2017 ? A voir les gloussements, sourires et mots doux que s’échangent le président et son Premier ministre, on n’a pas l’impression que la bataille est engagée entre ces deux-là. Interviewé dans le film, Hollande confie à la caméra qu’ils s’échangent des textos le matin très tôt, après les revues de presse, texto d’ambiance de la journée, et aussi un texto tard le soir pour se dire «au revoir et à demain». Voilà un couple fusionnel.
En tout cas ce qui frappe, dans le film sur Valls, c'est qu'il trace, tout droit. Plus de socialisme à la Mitterrand ou Hollande, dans les subtilités politiques et les savants calculs, Valls avance, plus funambule sur une corde au-dessus du vide que torero, quoique les deux, le funambule et le torero, ont en commun de ne jamais reculer. Valls avance. Step by step comme disent les anglo-saxons, un pas après l'autre. Il voulait être président depuis l'âge de 17 ans, devient français à 20, maire, député, puis ministre, puis Premier ministre… Sans infléchir ses idées sur la laïcité, le social-libéralisme, la sécurité, qualifiées de droite par son propre camp. Mais il continue d'avancer dans l'arène. Et on se dit: «Il va y arriver.»
D’où vient cette détermination de toréador ? Comme tous les gens dans la salle de France-Télévisions nous avons découvert à l’écran ce soir-là la maman du petit Manuel. Une très belle femme, pas espagnole, mais italienne (de la Suisse italienne). Dans le film Luisangela Galfetti explique qu’elle a toujours cru à son fils, qu’elle lui a dit, que c’est pour cela qu’il est si convaincu de gagner. On comprend alors que derrière le Matador se cache une Mama. Alors si vous voulez que votre fils soit président…
Annette