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Libération
Passage en revues

Business de la mort en Chine, tentative de meurtre entre amies et les hallucinations d'Oliver Sacks : trois longs formats à lire ce week-end

Chaque semaine, Olivier Postel-Vinay, directeur du magazine «Books», décortique les longs formats des revues anglo-saxonnes. Morceaux choisis.
Oliver Sacks, à New York, en juin 2009. (Photo Chris McGrath. AFP)
publié le 12 septembre 2015 à 14h36

La mort est leur marché

Il est loin le temps où le Parti communiste chinois encourageait les funérailles «modestes et raisonnables». En 2011, cinq frères d'une riche famille du Zhejiang ont déboursé l'équivalent de 700 000 € pour dire adieu à leur mère devant une foule de dix mille personnes et une haie de canons en or doublée d'une flotte de limousines. A Pékin, la raréfaction des terrains alimente la spéculation funéraire. Le prix des tombes a été multiplié par quinze en moins de dix ans. Certains emplacements s'arrachent jusqu'à 50 000 € du mètre carré. De quoi attiser les appétits sur un marché dont la croissance ne risque pas de se tarir : si l'on se fie aux projections, le nombre de personnes âgées en Chine pourrait augmenter de 100 millions d'ici quinze ans.

Source : The Guardian, 8 septembre 2015, 38 000 signes. L'auteur : Jonathan Kaiman est le correspondant à Pékin du Los Angeles Times.

De si gentilles petites filles

«Ça ne faisait rien. C'était comme de l'air», déclare Morgan Geyser, 12 ans, aux policiers qui l'interrogent le 31 mai 2014. Plus tôt ce samedi, Morgan (une fille) a asséné dix-neuf coups de couteau à sa camarade d'une banlieue sans âme de Milwaukee. Une troisième adolescente, Anissa Weier, l'avait exhorté quelques instants auparavant : «Pique ta crise, deviens folle». Pour tout mobile, Morgan et Anissa ont expliqué vouloir s'attirer les faveurs de Slender Man, un personnage de fiction créé et popularisé sur Internet. Lorsqu'elle a appris que leur victime avait survécu, Anissa ne s'est enquis que d'une chose : serait-elle bientôt autorisée à retourner à l'école ? (La gardée à vue n'avait jamais manqué une journée de cours depuis le CE2 et espérait que cela dure). Morgan quant à elle a été diagnostiquée schizophrène. Elle a fêté ses 13 ans dans un centre éducatif fermé. Le mois dernier, un juge a fait savoir que les deux amies comparaîtront devant un tribunal pour adultes. Elles risquent jusqu'à 60 ans de prison.

Source : New York Magazine, 25 août 2015, 34 000 signes. L'auteure : La journaliste américaine Lisa Miller a travaillé pour le Washington Post, Newsweek et le Wall Street Journal. Elle est l'auteure de Heaven: Our Enduring Fascination With the Afterlife (non traduit en français).

L’homme qui prenait son horloge pour un docteur

Pour rendre hommage à Oliver Sacks, mort d'un cancer le 30 août, la London Review of Books republie l'essai qui a donné son titre au recueil L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau. L'écrivain médecin rapportait dans ce bestseller l'hallucinante histoire du docteur P., un professeur de musique distingué, capable d'interpréter tous les morceaux du monde, mais infichu de reconnaître le visage d'un proche sur une photo. Atteint d'agnosie visuelle, le docteur P. ne pouvait plus distinguer que des formes abstraites. Un jour qu'il venait l'examiner chez lui, Oliver Sacks eut la surprise de voir son hôte s'avancer la main tendue vers une horloge. Le brillant mélomane avait confondu la pendule avec son médecin.

Source : London Review of Books, 19 mai 1983, 23 000 signes. L'auteur : Oliver Sacks (1933-2015) a fait le récit de cas cliniques hors normes dans, entre autres, L'Eveil et Musicophilia.