Le khat (ou qat) est largement méconnu en France. Pourtant il est consommé dans de nombreux pays d’Afrique de l’Est (principalement en Somalie, au Kenya, en Éthiopie et en Ouganda) ou au Yémen où il constitue l’une des cultures principales. La plante a largement dépassé sa région d’origine et st aujourd’hui cultivée en Afrique du Sud, au Mozambique et à Madagascar.
Le khat tel qu'il est vendu se présente sous la forme de feuilles et de tiges que l'on mâche comme les feuilles de coca ou de bétel. La cathinone contenue dans ses feuilles donne des effets assez proches d'un café très fort ou d'amphétamines. Il n'est pas rare de voir des chauffeurs de matatus, les minibus sur la côte kenyane mâcher du khat pour se concentrer par exemple. Connu pour couper la faim, il est aussi responsable de constipation et d'insomnie s'il est consommé en grande quantité même s'il ne conduit pas à des phénomènes de dépendance. Souvent utilisé par des hommes en groupe, le khat joue un rôle dans la socialisation des jeunes que ce soit au Kenya ou en Ouganda. Si vous vous retrouvez dans une soirée entre jeunes Kenyans, il y a de fortes chances que l'un d'entre eux mâche du khat. En somme, le khat est à la fois utilisé dans l'environnement du travail mais aussi dans un but récréatif.
À Madagascar, la consommation du khat est venue avec les immigrés du Yemen de la période coloniale. Cette habitude peu à peu reprise par les chauffeurs de taxi du nord de l'ile, s'est lentement répandue dans les couches plus jeunes de la population de la région à partir des années 1990. À la fois cliché social et géographique, la consommation de khat est toujours conçue comme celle d'une jeunesse du nord de l'ile désœuvrée par des personnes plus aisées du reste de Madagascar. Il n'en reste pas moins que, comme au Kenya, mâcher du khat est aussi un phénomène générationnel. Un exemple de cette vogue du khat est la présence de la plante dans certains rhums arrangés.
Le khat comme de nombreux psychotropes a attiré l'attention des autorités. Un traite yéménite du XVIe siècle a ainsi essayé de comparer le khat avec l'alcool, l'opium et le haschich et finit par conclure que le khat était plus faible que ces substances. Les autorités coloniales du Kenya ont aussi tenté de limiter son usage à certaines populations (les Meru du Nyambene) en accusant le khat d'être responsable de l'inactivité de certains Kenyans. Un rapport colonial pour Djibouti en 1959 rend le khat responsable de la « dégénérescence de la race ». En général, les sources historiques disponibles pour la période coloniale tardive au Kenya suggèrent que la prohibition n'a eu d'autre effet que de nourrir le marché noir.
Aujourd’hui, les pays occidentaux ont tendance à interdire le khat en le considérant comme un stupéfiant, le dernier en date étant le Royaume-Uni en juin 2014. Dans les plus gros pays producteurs, le khat n’est pas interdit. Pourtant les débats sur la dangerosité du khat que ce soit pour la santé mentale ou physique de ses utilisateurs sont toujours présents surtout quand son utilisation est combinée à la prise d’alcool ou de marijuana. En filigrane, se lit aussi un débat sur l’économie des pays en question où des petits producteurs peuvent profiter des opportunités offertes par l'« or vert ».