Menu
Libération

L’université se penche sur le droit animal

publié le 8 octobre 2015 à 18h06

C'est une première en France : l'université de Strasbourg enseigne le droit animal à ses étudiants. Le master «éthique et sociétés» consacre une de ses spécialisations à «l'animal, science, droit et éthique». Le premier cours a eu lieu fin septembre. Un signe supplémentaire de l'intérêt (récent) des juristes français pour l'animal. «Alors qu'il a constamment été maintenu aux marges d'un droit fait par les hommes et pour les hommes, l'animal s'impose soudain à ses préoccupations. On se rend compte qu'il a pénétré toutes les branches du droit, comme par effraction», note Rémy Libchaber, professeur de droit à la Sorbonne, dans la préface de Sensibilité animale, perspectives juridiques, un ouvrage réunissant les contributions d'un colloque tenu à Poitiers l'an passé (CNRS éditions, 2015). Un pas symbolique majeur a été franchi en janvier : le Parlement a modifié le code civil, métamorphosant les animaux de «biens meubles» en «êtres vivants doués de sensibilité». Mais le statut juridique des animaux varie au gré des convictions et nécessités humaines. Protégés par le droit pénal, les animaux domestiques sont mieux lotis que le bétail. Pour ces derniers, «la sensibilité animale est prise en compte d'une façon plus cynique : cela pourra être considéré comme la dose d'inconfort ou de souffrances que l'animal peut supporter sans que cela n'affecte l'innocuité du produit final qui en est issu», notent Régis Bismuth et Fabien Marchadier, les professeurs de droit à l'origine du colloque de Poitiers. Et si les animaux sauvages bénéficient parfois d'une protection juridique inscrite dans le code de l'environnement, les nuisibles, ragondins ou sangliers, restent les grands discriminés du droit animal.

A retrouver en intégralité sur Liberation.fr