Surprise. Ils étaient une centaine de milliers hier soir, à Tel Aviv, pour se souvenir d’Yitzhak Rabin, leur Premier ministre tué par un extrémiste il y a vingt ans, le 4 novembre 1995. On pensait le camp de la Paix mort mais sur la place même où Rabin a été abattu on a entendu «démocratie», «tolérance». Et Paix.
Une foule évaluée à 100.000 personnes a rendu homage à Rabin, assassiné en 1995. Photo Jack Guez / AFP
Surprise encore, une foule de jeunes, qui n'avaient pas connu le temps où Israéliens et Palestiniens se parlaient, où les hommes politiques signaient des accords de Paix, prêts à échanger des territoires pour établir enfin deux états séparés. Des Juifs, des Arabes, des Bédouins… A la mémoire de ce Premier ministre israélien qui, de cette même tribune, il y a vingt ans, s'écriait «Nous avons trouvé un partenaire pour la paix !….» . Et dénonçait la haine qui divisait déjà son pays : «La violence mine les fondements de la démocratie israélienne, il faut la dénoncer, il faut la vomir, il faut l'isoler.» Quelques minutes plus tard, la haine instillée par l'extrême droite s'incarnera dans le bras de l'assassin Yigal Amir qui abattra Rabin au pied de l'escalier de la tribune.
Bill Clinton à Tel Aviv, samedi 31 octobre. Photo Thomas Coex / AFP
Bill Clinton venu participer hier soir, au même endroit, à l'hommage à son «ami» Rabin s'est adressé à ces jeunes: «C'est à vous d'écrire le prochain chapitre, de décider qu'Yitzhak Rabin avait raison, que vous devez partager l'avenir avec vos voisins, que vous devez défendre la paix.» Et il cite Rabin, le chef militaire : «Nous combattrons la terreur comme s'il n'y avait pas de négociations, et nous négocierons comme s'il n'y avait pas de terreur.»
Samedi 31 0ctobre 2015, la foule sur la place Rabin où le Premier ministre a été assassiné en 1995. Photo Jack Guez / AFP
Alors si Rabin avait survécu à l’attentat ? On aurait la paix ? L’histoire aurait été différente… Peut-être.
Back to the Future : «Et si Rabin n'avait pas été assassiné», fiction réaliste écrite en 2013, commence donc le samedi 4 novembre 1995:
«Les balles sont parties du Beretta 9mm. Le garde du corps, crâne rasé et lunettes noires, très Men in Black, relié à un mystérieux interlocuteur par une oreillette, s'effondre. Il a fait son boulot, le malheureux, il a joué son rôle de bouclier humain, protégeant le Premier ministre Yitzhak Rabin. Encore raté, se dit le tueur, qui en est à sa troisième tentative. Il avait prévu de tuer Rabin-le-traître, Rabin-le-Palestinien, Rabin-le-nazi au mémorial de la Shoah à Jérusalem, mais le Premier ministre avait annulé sa visite à la dernière minute. La troisième fois, c'est ce soir, samedi 4 novembre 1995, au meeting géant pour la paix, organisé par la gauche sur la place des Rois d'Israël. Des dizaines de milliers de jeunes sur le parvis de la mairie de Tel Aviv. Peace and rock'n'roll. A la tribune, Rabin ose même chanter avec la foule exubérante, et, surprise, embrasser son rival de toujours, Shimon Péres, ministre des affaires étrangères.
Le tueur n’était pas né en 1963 (il a 27 ans) mais il a visionné en boucle l’assassinat de Kennedy à Dallas…«
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