Les attentats meurtriers de vendredi 13 novembre ont bouleversé la vie sociale dans notre pays. Nous pleurons les morts, nous sommes déterminés à combattre Daesh, nous voulons plus de démocratie, de justice et de paix, partout dans le monde. Rien ne se fera sans la mobilisation des citoyens et des populations. Le climat c’est notre problème à toutes et tous ! C’est pourquoi nous refusons la politique de l’état d’urgence permanent imposée par le gouvernement et l’interdiction des manifestations, la déchéance de nationalité pour les binationaux, la restriction des libertés publiques. C’est dans ce contexte que se déroulera la Conférence mondiale sur le Climat, la COP 21, organisée à Paris début décembre. A l’instar de Copenhague en 2009, la C0P 21 est présentée comme «le sommet de la dernière chance», pour «sauver le climat». Nous allons assister à un scénario ficelé à l’avance, conclu par des promesses qui ne seront pas tenues.
La raison de l’échec est connue depuis longtemps : le chaos climatique est une donnée structurelle provoquée par la folie du mode de développement capitaliste. Il est donc illusoire de vouloir sauver le climat sans toucher au système. Or, nos dirigeants recherchent la croissance indéfinie de l’économie et s’appuient pour cela sur l’extraction pétrolière… Tout en nous promettant de réduire leur production de gaz à effet de serre !
Si rien n’a été fait qui soit à la hauteur des enjeux, c’est parce que le dérèglement climatique est intimement lié à nos modes de production et de consommation. Or, la COP 21 ne s’intéresse qu’à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, donc aux conséquences du réchauffement et pas à ces causes. Aucune critique des énergies fossiles n’étant à l’ordre du jour, la méthode suivie n’est pas la bonne. Elle repose sur les engagements volontaires des Etats qui peuvent ainsi laisser croire qu’ils font quelque chose sans s’engager sur rien au final.
Seul un plan d’urgence pourrait enrayer la catastrophe qui s’annonce. La prise de conscience du danger climatique et les mesures qui en découlent peuvent en réalité constituer une chance pour défendre et améliorer la vie du grand nombre. A la clé, c’est davantage de sens, de justice sociale, de qualité de vie pour toutes et tous, de coopération entre les pays.
Nous avons besoin d’un moratoire international sur toute nouvelle exploration d’énergies fossiles et que soit mis fin aux subventions de ce secteur. Seule une politique active de désinvestissement peut inciter les acteurs à s’en désengager. Il faut bloquer les grands et petits projets inutiles qui accélèrent le réchauffement. En France, ce sont l’aéroport de Notre-Dame des Landes, les EPR de Flamanville et de Penly, la ligne LGV Lyon-Turin ou la ferme des 1000 vaches. Par ailleurs, l’heure est venue de dénucléariser la COP 21. Les lobbies, AREVA et EDF, utilisent cette conférence comme le show-room du nucléaire français. Nous refusons que la conférence de Paris devienne un outil de promotion du nucléaire, quatre ans après Fukushima. Il est aussi nécessaire d’empêcher les accords de libre-échange tel TAFTA que l’UE négocie avec les Etats-Unis. Ces accords «climaticides» ouvriraient le commerce des hydrocarbures non conventionnels des deux côtés de l’Atlantique. Instituer une véritable Taxe sur les Transactions Financières pour financer l’adaptation au changement climatique est une impérieuse nécessité. Il faut également placer au centre des négociations la question de la souveraineté alimentaire. 70% des cultures pourraient être affectées par le changement climatique et condamneraient 600 millions de personnes à la famine d’ici à 2080. Enfin, le financement de la lutte contre le dérèglement climatique est une mascarade. Il repose avant tout sur des financements privés basés sur des investissements rentables pour les grandes entreprises et sur des marchés des droits à polluer qui ont encouragé la corruption…
Malgré son double langage sur le climat, la France a capitulé devant les lobbies du tout nucléaire et tout diesel ; l’agriculture, loin de l’agro-écologie promue en haut lieu, est aux mains de l’agro-business ; EDF et Engie (ex GDF-Suez) émettent chaque année, avec leurs 46 centrales à charbon, plus de 1.501 millions de tonnes de CO2, soit près de la moitié des émissions de la France. Après l’enterrement de la taxe poids lourd, le gouvernement ferme des lignes de trains et promeut le tout autocar. Il renforce la fracture territoriale entre des zones rurales, des territoires abandonnés et des métropoles toute puissantes.
Nous le savons, tout le monde n’a pas intérêt à changer de système. Pour «sauver le climat», il ne peut y avoir d’accommodements avec des modes de développement productivistes insoutenables.
L’ONU est un des trop rares espaces où les petits états insulaires et les pays du sud peuvent encore s’exprimer. Pour que leur voix soient entendues, ainsi que celles de ceux qui sont ou seront dans le monde entier les victimes du changement climatique, il faudra que les peuples imposent leur agenda. Ce qui nous importe, à travers les mobilisations du 29 novembre et du 12 décembre, à travers les rencontres organisés par la Coalition Climat et Alternatiba, c’est la convergence des mouvements sociaux pour la justice climatique. La COP 21 ne doit pas être la COP du business climatique ! Elle doit être la COP de la vie et de la paix, et donc de l’action citoyenne et politique déterminée pour que soient prises les mesures à même d’endiguer le réchauffement du climat.