Oui, j’ai été impressionnée par Barack Obama atterrissant à Orly aux environs de minuit et demandant à aller tout de suite au Bataclan. On a vu quelques images du président américain arrivant en pleine nuit avec Anne Hidalgo et François Hollande, déposant une fleur, se recueillant quelques minutes devant le Bataclan, visiblement ému. Il avait été le premier chef d’Etat à appeler Hollande, à quatre heures du matin, le 14 novembre, pour lui apporter les condoléances du peuple américain.
Barack Obama à la Maison Blanche le 13 novembre alors qu’il vient d’être informé des tueries de Paris. Photo Jim Watson / AFP
Obama a tout de suite pensé au choc du 11 septembre 2001. C’est vrai que les attentats du vendredi 13 novembre à Paris ont provoqué un choc comparable à celui éprouvé par l’Amérique quand les avions des terroristes de Ben Laden ont fait s’écrouler les tours du World Trade Center à New York.
Moins dramatique visuellement, et à une plus petite échelle, mais un massacre d’innocents. Si Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher avaient fait descendre quatre millions de personnes dans la rue, les attaques du vendredi 13 sont différentes. Pas parce que, comme l'«expliquent» certains, en janvier on ciblait des «journalistes insolents» et des «membres d’une certaine confession» et que cette fois on touche «des Français comme vous et moi…» Le choc est national et international parce que c’est une tuerie de masse. Et à Paris.
Obama a pensé au 11 septembre et c’est justifié. J’ai entendu les commentateurs nous dire que si on est attaqués c’est normal, on n’avait qu’à pas se mêler d’embêter l’Etat Islamique en le bombardant alors qu’il terrorise les populations d’Irak et de Syrie. Alors je vais leur rappeler que le 11 septembre les terroristes ont simplement attaqué l’Occident, l’Amérique n’était pas en guerre avec les islamistes. Aujourd’hui encore il suffit d’écouter ce que dit Daesh dans son communiqué qui parle des Croisés et des «mécréants». Les terroristes doivent tuer des jeunes qui vont écouter de la musique ou fêter un anniversaire à la terrasse d’un café parisien. Des jeunes qui boivent, chantent, dansent, méritent, selon eux, de mourir comme devaient mourir les 4 000 hommes et femmes qui travaillaient dans les bureaux du World Trade Center.
Des «mécréants» qu’on achève dans une fosse remplie de morts, des «non humains», comme des juifs tués dans les ravins en Ukraine, des Tutsis assassinés par les Hutus, ou des Cambodgiens anéantis sous les Khmers Rouge.
Le 11 septembre New York était frappé, le 13 novembre c’est Paris, deux symboles du monde occidental libre. J’étais aux Etats-Unis pour «9/11» comme l’appellent les Américains, on avait tous accroché des drapeaux aux fenêtres des maisons, à l’arrière des bagnoles. Contre le terrorisme. Et en France aujourd’hui on a le même réflexe, on ressort les drapeaux de la guerre de 14, les monuments du monde entier se colorient en bleu-blanc-rouge, la planète est solidaire de Paris.
«C'est important pour les jeunes ici de comprendre ce que les jeunes américains ont compris après le 11 septembre 2001, a dit Obama, sur ITELE mardi soir. Ces actions terroristes ne peuvent pas abattre notre esprit. A la fin les attaques terroristes ne peuvent changer la nature fondamentale du peuple français, et la diversité d'une ville comme Paris. Elles ne peuvent pas remplacer la joie, la beauté, la solidarité des peuples.»
Super. Puis le président nous fait redescendre sur terre, il va continuer la pression militaire pour faire reculer l'Etat islamique, et les efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre civile en Syrie. Mais il ne nous fait pas trop de promesses: «Dans une société libre et ouverte nous ne pourrons jamais éliminer l'éventualité d'un acte terroriste isolé, mais nous arriverons à empêcher ce type d'attentat à grande échelle qui fait tellement de morts.» Espère-t-il...
Annette