Mes chers compatristotes.
«Pfff», «Humpf», «mmmof» et autres soupirs désolés…
Je sais ! Je sais - j’ai la télé - que ça ne fut pas l’année la plus «kiffante» du millénaire. Je crois même qu’il ne faudrait pas nous pousser beaucoup pour la qualifier de «sacrément craignos», avec peut-être même une mention «toute pourrie» pour cette fin d’année…
Les attentats, l'hiver, la laborieuse COP 21, le FN, l'état d'urgence, la mauvaise santé de Jacques Chirac, la bonne de Laurent Wauquiez, le vieux magnéto qui n'a pas enclenché l'enregistrement du dernier épisode de Plus belle la vie… On a souvent eu l'embarras du choix quant aux raisons de désespérer… je sais !
Libération me demande de vous écrire «une petite bafouille… pour pas qu'vous vous fassiez d'mouron (1)», quelques lignes qui soient comme un petit kit de survie en ces temps troublés, un remède pour garder le sourire, et remonter son moral ou tout du moins ses chaussettes.
Mais qu'est-ce qui te prouve, Libération, que j'ai le cœur à rire, moi ? Qui te dit que je ne suis pas roulé en boule à la maison depuis quelques mois, défaitiste et désespéré, en train de fredonner Barbara. Ou pire : Bruel chante Barbara ! Bon, c'est vrai, tu as raison je parviens, à force d'espoir, à penser à autre chose (et je ne me suis pas roulé en boule depuis mon dernier cours de judo en 1996).
Penser à autre chose, j’y suis obligé : j’ai la chance de jouer un spectacle tous les soirs. Et, pour jouer au théâtre, il faut deux choses indispensables. Un théâtre. Et du bonheur. Du bonheur à jouer.
Jouer ! C’est là - je crois - le meilleur remède pour survivre à la désespérance. Remède que quelqu’un a dû cafter à Patrick Poivre d’Arvor puisqu’il vient d’annoncer son début de carrière sur les planches pour l’année prochaine - pardon si je viens de vous rajouter une raison supplémentaire de craindre 2016… (2).
Mais, il y a bien d’autres façons de faire la nique à son vague à l’âme. En vrac, quelques astuces :
1) Evitez les bêtisiers de Noël. On pense que ça nous fait rigoler de revoir pour la quarantième fois Bougrain-Dubourg se faire becter l’oreille par un pingouin mais, insidieusement, ça nous achève.
Si vous voulez absolument voir des pingouins, regardez ou re-regardez ou re-re-re- (× 38 pour ma part) regardez Mary Poppins. Julie Andrews est le meilleur sucre jamais inventé par les labos pour faire passer la pilule de Noël.
2) Allez voir un dessin animé au cinéma. Plus efficace que le soin Diadermine Super Lift Plus, le meilleur élixir de jouvence pour raffermir la peau et remettre du baume au cœur, c'est celui-ci : Snoopy au cinéma, à la première séance du jour, entouré d'enfants ! Ne radinez ni sur le Coca-Cola ni le Maxi Pop-Corn, et laissez-vous aller.
3) Une thalasso. Après avoir été entouré d’enfants au cinéma, être entouré de nonagénaires en peignoir à Bénodet. Se faire envelopper d’algues et dire des phrases comme «merde, j’ai paumé un chausson».
4) L’alcool (qui fait oublier le temps, n’est-ce pas Jeanne ?).
5) L’amour. Tombez, retombez, re-re-retombez donc amoureux.
Voilà les amis. Mon kit de survie pour ces FFFA (fameuses fêtes de fin d'année). Et comme on dit dans les cabinets d'orthodontie : «courage, c'est bientôt fini.»
(1) Le premier à reconnaître la chanson qui se cache ici gagne un sublime épilateur-exfoliant 20 pinces, ainsi qu'un abonnement d'un siècle au Figaro.
(2) Il y aura quand même quelques rendez-vous enthousiasmants : Michel Drucker, aux Bouffes-Parisiens, du 1er octobre au 17 décembre.
Vincent Dedienne se produit au Café de la danse jusqu’au 31 décembre, puis démarre une tournée en France à partir du 8 janvier.