Menu
Libération
Interview

Kianoush Ramezani«Le pire, l’autocensure»

publié le 7 janvier 2016 à 17h41

«Je ne peux pas séparer mes dessins de ma vie. Je suis là, en exil en France, grâce et à cause d’eux. Je me suis sauvé parce que j’étais en danger, surveillé par d’autres dessinateurs, et notamment par la Maison de la caricature en Iran. Résistant à de nombreuses crises, j’ai réussi à ne pas changer de métier, malgré toutes les pressions de l’administration.

«Des dessinateurs du monde entier souffrent de dictatures oppressantes. Je crois que le dessin a le pouvoir de faire réagir, parce qu’il utilise des symboles forts pour parler à un public qui ne prend plus le temps de lire. Sur Internet, on regarde d’abord, l’image étant plus visible que l’écrit.

«En tant que dessinateurs, nous sommes de plus en plus exposés, dans tous les sens du terme. Nos dessins sont plus partagés, notamment grâce aux réseaux sociaux, et c’est positif. Malheureusement, cela signifie aussi que la menace augmente pour certains.

«Malgré tout, je reste un des rares optimistes, je crois que l’on peut faire beaucoup pour développer le dessin de presse. Il n’y a aucune limite sur Internet : de nouveaux métiers se créent, sérieux et payés. Avec mon association (1), je cherche à protéger à la fois la liberté d’expression mais aussi tous les dessinateurs exilés. Le pire, pour l’avenir du dessin de presse, serait l’autocensure. Nous devons nous armer contre ce danger, y compris dans les pays libres.»

Kianoush Ramezani est fondateur de l’association United Sketches.