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Management, Nina Simone et Columbine : trois longs formats à lire ce week-end

Chaque semaine, la rédaction du magazine «Books» décortique les longs formats des revues et sites anglo-saxons. Morceaux choisis.
Nina Simone en juillet 1969 lors d'un concert dans le cadre du festival panafricain d'Alger. (Photo Eleonore Bakhtadze. AFP)
par Delphine Veaudor, De la rédaction de «Books»
publié le 18 mars 2016 à 13h41

Le mythe du bon chef

Les entreprises américaines ont dépensé en 2012 près de 14 milliards de dollars en séminaires destinés à améliorer le «leadership» de leurs cadres. Entre août 2015 et fin février 2016, le mot a été prononcé plus de cent fois au cours des débats pour les primaires outre-Atlantique. Sur toutes les lèvres, la notion de «leadership» – que l’on peut traduire en l’occurrence par l’«aptitude à diriger» – n’a pourtant jamais été aussi floue. Il y a presque autant de définitions du «bon chef» qu’il y a de spécialistes du management. Et c’est au moment où l’on insiste le plus sur l’importance des qualités individuelles que celles-ci semblent le moins déterminantes. La personnalité de tel PDG ou de tel homme politique pèse peu face à des facteurs comme la mondialisation ou le changement technologique. Quant aux discours qui vantent la capacité des managers à «élever» leurs équipes ou à «inspirer» leurs collaborateurs, ils ne sont parfois qu’un écran de fumée : une façon de masquer la mauvaise gouvernance d’une entreprise et l’accaparement des profits par un petit nombre.

Auteur : Joshua Rothman est chargé de l'édition des archives du New Yorker, dont il a rejoint la rédaction en 2012. Il tient également un blog sur l'actualité des livres et des idées.

Les deux Nina

Nina Simone était double : d'un côté une diva du jazz libre, rebelle et tempétueuse, icône du mouvement des droits civiques et digne héritière de l'enfant prodige «de couleur» qu'elle avait été dans une petite ville de Caroline du Nord (à 10 ans, celle qui s'appelait encore Eunice Kathleen Waymon avait refusé de jouer lors d'un récital de piano tant que ses parents n'auraient pas retrouvé leur place, cédée pour dégager la vue à des spectateurs blancs). De l'autre, une femme bipolaire et soumise, épouse d'un homme (Andrew Stroud) qui l'avait battue le soir de leurs fiançailles avant de l'attacher à un lit et de la violer sous la menace d'une arme. Les journaux intimes et la correspondance de Nina Simone révèlent l'ampleur de ses tourments intérieurs. Des démons qui n'en rendent «que plus ahurissant ce qu'elle est parvenue à accomplir» dans sa lutte pour l'égalité raciale.

Auteur : Adam Shatz est un journaliste et essayiste américain. Ancien responsable des pages littéraires du magazine The Nation, il collabore régulièrement à la London Review of Books et à la New York Review of Books.

Mon fils le tueur

Il y avait bien eu ce vol commis en classe de première par Dylan et son ami Eric Harris : les deux garçons avaient dérobé du matériel informatique dans une fourgonnette. Mais l'affaire s'était soldée par une simple mise à l'épreuve. Il y avait aussi les accès de mauvaise humeur et la manie énervante qu'avait Dylan d'oublier de nourrir ses chats. Mais quel adolescent n'a jamais été morose ou tête en l'air ? Comment Sue Klebold aurait-elle pu imaginer qu'en lui disant au revoir le matin du 20 avril 1999, son fils s'apprêtait à commettre avec Harris la fusillade de Columbine (treize morts, plus les deux auteurs, qui se sont suicidés) ? Ce jour-là, Sue Klebold a perdu «à la fois le fils qu'elle pensait avoir élevé et la personne qu'il était réellement devenu». Le livre où elle se confie est un best-seller depuis sa parution aux Etats-Unis mi-février.

Auteur : Susan Dominus est journaliste au New York Times.

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