J’ai essayé de me guérir. En vain. Avec la déchéance de la nationalité et le code du travail, j’ai fait une rechute grave. Sans oublier le récent tabassage d’étudiantes et d’étudiants, l’envoi de flics dans une réunion syndicale. Le flash-ball va-t-il bientôt remplacer l’emblème de la rose ? Presque impossible de parler politique avec un militant ou un élu socialiste sans s’énerver. Quelquefois même à souhaiter en venir aux mains, face à tant de mauvaise foi. Parler de la pluie, du beau temps, et d’un tas d’autres choses ; c’est tout à fait possible. Surtout pas de deviser de politique avec un membre du PS.
Ote-toi de ma démocratie, a-t-on envie de dire. Certes, les militants de base et élus sincères ne sont pas responsables de leurs dirigeants manipulateurs : des robins des bois à l’envers. Prendre dans la poche de ceux qui n’ont rien ou peu et le donner à ceux qui ont beaucoup ; du grand banditisme officiel. Ce que fait ce gouvernement. Le précédent aussi, mais sans se draper dans la «morale jaurèsienne». Et sans donner des leçons d’humanisme.
Comme on dit dans les milieux populaires, je ne peux plus les saquer. Et, à ce que j'ai entendu récemment dans les bars de ma ville natale de Montreuil (Seine-Saint-Denis), nous sommes un paquet à penser la même chose. Les sans-culottes des «Parlements du peuple» (mot de Balzac pour définir le comptoir d'un bistrot) sont en colère. Très en colère. Plus envie de la fermer, se laisser berner. La verroterie PS ne se vend plus sur les marchés populos. Malheureusement, certains, très déçus, sombreront dans les bras de la sirène d'extrême droite. Quitter le socialisme pour se jeter dans le nationalisme. Cocktail explosif de deux isme.
Pour ma part, je ne prends plus les tracts du PS. Très agacé notamment quand ils les distribuent à de vieux immigrés. Certains de ces «chibani(e)s» - que je connais depuis l’enfance -, vivant à Montreuil depuis cinquante ans, n’ont pas le droit de vote aux élections locales. Présents sur le territoire de la commune depuis plus longtemps que le député, le maire, la plupart des militants distribuant les tracts du PS, ils n’ont pas les mêmes droits qu’eux. Pourtant, le François précédent le leur avait promis en 1981. Déchus de leur bulletin de vote ?
Très difficile en ce moment pour les hommes et femmes sandwichs du PS dans des quartiers populaires. Je n’aimerais pas être à leur place. Ils en chient des ronds de bulletin de vote. Ambassadeurs d’un parti de plus en plus hors-sol, qui veut rajouter des couches de misère. Désolé pour les militants et les élus sincères, mais ça ne passe plus. Electeur échaudé craint même…
Que peut-on contre ses escrocs de la politique - la droite et l’extrême droite dans le même panier - très talentueux pour t’embrouiller ? Les insultes ? Le coup de poing ? La démocratie mérite mieux qu’une garde à vue. Mais comment faire face à une telle mauvaise foi et manipulation ? J’ai fini par comprendre qu’il n’y a rien à faire. Un grand nombre de dirigeants politiques a phagocyté la démocratie. Les ignorer ? Plus que ça comme option ; en tout cas pour moi. Ne plus perdre son temps à converser avec eux. La politique est en cours d’assassinat par les politiques. Son cadavre bouge encore. Pour combien de temps ? Les traders idéologiques se partagent les miettes du gâteau républicain. Certains journalistes, plus dans la communication que dans l’information, ne sont pas loin de la table du «casse du siècle» de la République. Oui, je sais, ce n’est pas joli de dire ça… Qui veut noyer son opposant l’accuse aussitôt de poujadisme et de populisme. Sans oublier le conspirationnisme dégainé trop facilement à certaines questions gênantes. En tout cas, je suis de plus en plus socialophobe. C’est grave docteur ?
Comment peut-on être socialiste sincère et rester au PS, qui n’a de «socialiste» que le nom ? Essayer de le changer de l’intérieur ? Trop verrouillé par des femmes et hommes qui ont des intérêts personnels. «Chacun mon tour» comme devise. Plus du tout à la recherche de l’intérêt commun. La gamelle plus forte que les convictions ? Choisis ton camp, camarade socialiste. Ta déchéance ou ton miroir ?