Si j’ai bien compris, ça va mieux mais pas partout. En Syrie, par exemple, le peuple n’a pas forcément été convaincu par les fortes paroles de François Hollande mais, quand même, ça va mieux, les négociations n’ont pas encore été rompues. Quant à la France qui se prépare à faire peau neuve à la prochaine présidentielle avec sûrement un grand dessein qui redonnera l’espoir à tous, ça va mieux. On connaît l’histoire du pessimiste et de l’optimiste. L’optimiste : «La situation est terrible, ça va affreusement mal, ça ne peut pas être pire.» Le pessimiste : «Mais si, mais si.» Quand le Président dit que ça va mieux, il veut peut-être dire que ça va mieux que demain. Au demeurant, avant de le démentir, il faut se souvenir d’hier. Il y a quelques mois encore, François Hollande avait tout raté, le gouvernement faisait n’importe quoi, le chômage paraissait démentir l’adage boursier selon lequel ça ne peut pas monter indéfiniment, les mécontents étaient légions. Bon, ça n’a pas changé radicalement, un ouragan d’optimisme n’a pas encore déferlé sur la France, les pancartes «Ça va mieux» n’occultent pas toutes les autres dans les diverses manifestations qui émaillent le quotidien du pays mais, que la situation ne se soit pas aggravée dans les grandes largeurs, ça veut quand même dire une amélioration parce que, les années précédentes, c’est ça qui nous tombait dessus mois après mois. Alors il ne faut pas faire la fine gueule. Le pire serait que le bout du tunnel soit une impasse et qu’il faille repartir à reculons.
On se demande pourquoi le gouvernement, confronté à tant de difficultés, se mêle de faire une loi pour réformer le code du travail. Il croit vraiment que c’est comme ça que ça ira mieux, que c’est tout bête mais qu’il fallait y penser ? Fini, les enfants gâtés qui passent leurs journées le cul sur leurs acquis. On ne sait pas si on va guérir mais on sait que le remède va être amer. Il va falloir avoir la foi et compter sur l’effet placebo. Une petite pilule de Çavamieux et ça repart, à moins que ça ne soit un gros suppositoire. En plus, ça paraît une évidence que, à moins d’un triomphe de François Hollande ou Manuel Valls à la présidentielle, cette réforme ne sera jamais appliquée et ne sert donc que d’étendard. Sans doute pour montrer à ceux qui en douteraient encore qu’on a les capacités et le courage de diviser la gauche. D’autres non plus, à droite, ne manquent pas de cette sorte de courage en expliquant d’avance qu’il faudra se priver de centaines de milliers de fonctionnaires, attendre davantage aux urgences et divers autres sacrifices pour que, de nouveau, ça aille mieux.
Les candidats ne manquent pas qui nous diront à qui mieux mieux que, si on les élit président, ça ira mieux. Mais aucun ne nie que ça prendra du temps, que les travailleurs subiront une petite période de rééducation, qu’on va vous le révolutionner, le code du travail, trop perdu de temps en amuse-gueules. Françaises, Français, c’est le moment d’en avoir sous la pédale pour faire avancer le pédalo maintenant que le code du travail est dégagé et que, si j’ai bien compris, le soleil peut prendre ses aises comme à Austerlitz.