Menu
Libération
Blog «Annette sur le net»

Vous allez aimer les Peshmergas

Blog Annette sur le netdossier
Le film "Peshmerga" sort ce mercredi. Vous y verrez la guerre au plus près, sur la ligne de front de 1000 km où les Kurdes attaquent l'Etat islamique. Vous comprendrez ce qui se joue sur ce champ de bataille. Et pourquoi on aime les Peshmergas...
Maghdid Herki, le jeune général Pershmerga à la tête de ses troupes kurdes, filmé sur la crête au-dessus de Mossoul, bastion de Daesh. Souriant et enthousiaste, il parle de son rôle de commandant, au milieu de ses combattants. Il mourra peu après les armes à la main au cours d'un assaut de l'Etat islamique. DR
par
publié le 7 juin 2016 à 12h03
(mis à jour le 7 juin 2016 à 13h16)

Oui, cela va vous surprendre, mais si vous allez voir Peshmerga, le film de Bernard-Henri Lévy (l’intellectuel français que les Français adorent détester), vous allez tomber amoureux et amoureuses de ces Kurdes qui se battent, pour eux et pour nous, contre les assassins de l’Etat Islamique.

On les aime parce qu’ils combattent, presque tous seuls, contre ce qu’il faut bien appeler le Mal. Parce qu’ils ne veulent pas mourir, n’ont pas le culte du suicide kamikaze et d’un paradis plein de vierges, mais au contraire veulent construire un pays et protéger leur peuple.

Parce qu’ils sont musulmans mais sont fiers d’être aussi sur la terre ancestrale des juifs, l’ancienne Ninive de la Bible, de partager cette culture commune.

Parce qu’hommes et femmes se battent ensemble. Magnifiques bataillons de femmes, en Irak et en Syrie. Dans le film on voit en particulier l’unité militaire yézidie des Peshmergas, les centaines de femmes yézidies qui ont décidé de rejoindre l’armée kurde. Des milliers de femmes et d’enfants Yézidis sont toujours esclaves de Daesh ou ont été revendus pour remplir les caisses de l’Etat islamique.

Cela fait longtemps que la gauche française aime les Kurdes et soutient leur droit à avoir un pays. Mais là ce sont ces Kurdes d’Irak, sur ce front de 1000 km qu’on suit avec l’équipe du film, qui font reculer Daesh. A quelques centaines de mètres. Qui reprennent le terrain, en prenant le risque de se faire tuer.

«Il ne faut pas idéaliser les Kurdes, c'est trop facile de voir le Bien contre le Mal. Ce ne sont pas des anges» me dit mon ami Marc, que sa spécialité en guerres rend plus cynique que le simple spectateur. Il se méfie de cet «hymne au Kurdistan»

Bien sûr, bien sûr, ils sont divisés, et aussi, certains, terroristes. Mais ces hommes et femmes courageux sont là, au sol, face à Daesh, sur ce champ de bataille du Nord de l’Irak. Soutenus par les forces alliées - pas assez, regrettent-ils - qui bombardent les lignes de Daesh avant les offensives des Peshmergas. Dans le film on voit d’ailleurs passer, discrètement, des «conseillers» américains et français...

Les images de cette guerre en rappellent d’autres, la guerre d’Espagne peut-être, avec ces femmes et ces hommes qui montent au front avec des armes légères. Et se font abattre. Mais une guerre filmée version vingt-et-unième siècle: quand l’équipe du film lance des drones qui survolent Mossoul, c’est plutôt une forme de jeu vidéo. Du coup on est au-dessus de Mossoul, on voit des rues étonnament calmes et normales dans cette grande ville sous la dictature de Daesh.

La guerre d'Espagne ? L'avenir du monde se jouait là-bas, contre Franco, en 1936, mais on ne le savait pas, ou on n'a pas voulu le savoir. La guerre a été perdue. Celle-là il faut la gagner, c'est le message de Peshmerga.

annette