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Idées

La foi, un malaise français ?

A force d’ignorer les religions comme si la laïcité républicaine ne pouvait se construire qu’en excluant toute forme de spiritualité, n’était-il pas inéluctable d’assister à une sorte de retour du refoulé religieux ?
Photo tirée du projet collectif «Mad in Sete» réalisé par Tendance floue en 2011 à l’occasion du festival ImagesSingulières. (Flore-ael Surun.  Tendance Floue)
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publié le 12 juin 2016 à 17h11

Dieu n’est pas mort, la preuve, des hommes croient en lui. A force d’ignorer les religions comme si la laïcité républicaine ne pouvait se construire qu’en excluant toute forme de spiritualité, n’était-il pas inéluctable d’assister à une sorte de retour du refoulé religieux ? La question se pose avec acuité quand les musulmans réclament une visibilité, une reconnaissance longtemps refusée. Cette demande légitime repose la question de la place des croyances dans la société française. Christophe Pons Adriane Luisa Rodolpho plaident pour une reconnaissance la plus large possible des croyances quand Philippe Corcuff propose un tout autre chemin. Entre le besoin de spiritualité et la quête d’autre chose, chacun a le droit d’y recourir comme il l’entend. Une rencontre-débat «La gauche, les libertaires et les enjeux spirituels» se déroulera le 16 juin avec la chercheuse Jocelyne Dakhlia, le journaliste Jean Birnbaum et les sociologues Philippe Corcuff et Michael Löwy au Balbuzar Café à Paris.

Dans la République, Dieu a sa place par  Christophe Pons et Adriane Luisa Rodolpho, anthropologues.

Si l’anthropologie peut servir à quelque chose, c’est peut-être à rappeler que «croire» est la chose la mieux partagée par l’humanité. Créer des dieux et vivre avec eux d’intenses relations est non seulement une activité universelle mais aussi une capacité inventive qui est le propre de l’humanité. En conséquence, les religions ne peuvent être des choses uniquement privées, car elles sont au fondement du social.

A chacun son au-delà par Philippe Corcuff, sociologue et militant libertaire

La diabolisation de l’islam depuis les premières «affaires» de voile, comme une plus grande visibilité des pratiques musulmanes, ont contribué à remettre le religieux au centre des controverses publiques en France. Les inquiétudes légitimes face aux menaces jihadistes ainsi que les usages politiciens exploitant électoralement le filon islamophobe en ont accentué la dramatisation. Cependant, en étant focalisé sur le retour du refoulé religieux, que l’on soit «pour», «contre» ou simplement «interpellé», on perd de vue l’espace plus large des questionnements spirituels qui travaillent nos sociétés, dont les croyances religieuses ne constituent qu’une des modalités la plus traditionnelle.