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Libération

Amin Maalouf célébré

par Raphaël Georgy
publié le 22 juin 2016 à 17h21

Le troisième numéro de la revue culturelle Nect-art publie un entretien fleuve avec l'académicien et historien Amin Maalouf, objet d'une récente polémique au Liban pour avoir donné une interview à la télévision israélienne, i-24news. Il raconte qu'au Liban, on ne considère pas le fait d'émigrer ailleurs comme une malédiction. «A toutes les époques et dans toutes les familles, il y a des gens qui sont partis […]. Cela fait partie de notre roman national depuis toujours.» Cela s'explique moins par la guerre que par une ouverture sur l'extérieur : «La mer est perçue depuis toujours comme une route.» Il admet que sa vision dynamique et multiple de l'identité est loin d'être une évidence pour tous. «Nous sommes dans un monde où les gens affirment avec de plus en plus de force et de violence un seul aspect de leur identité, en écartant tout le reste.» Une des explications selon lui : les nouvelles techniques créent une civilisation globale dans laquelle «beaucoup de nos contemporains ne se reconnaissent pas vraiment». Evoquant l'Europe, il regrette que les sociétés laïques pensent que l'intégration des immigrés se fait avec le temps, ce qui leur évite de se donner les moyens de cette ambition pourtant impérieuse : il faut «regagner la confiance et la loyauté de chacun» parmi tous les citoyens.

Nectart n°3, deuxième semestre 2016, Publication des éditions de l’Attribut.