Menu
Libération
Tribune

La France et l’islam, une si longue relation

publié le 6 juillet 2016 à 17h11

Il faut parfois regarder les chiffres avec froideur pour retrouver de la profondeur dans l'analyse, notamment quand il s'agit de religion. Avec la France en terre d'islam, Pierre Vermeren rappelle que la France et la République ont une histoire commune avec l'islam. La question du voile a surgi à la fin des années 80, mais la rencontre date de 1798, quand Bonaparte met le pied en Egypte. La confrontation se poursuivra brutalement en Algérie, plus sournoisement au Maroc, prudemment au Liban, et administrativement en Syrie. La naissance et la montée du salafisme montrent que la fréquentation quotidienne d'un pouvoir chrétien et d'une société musulmane ne garantit pas la compréhension mutuelle. A la fin du XIXe siècle, les autorités observent Mohammed Abdou prêcher pour une réforme de l'islam qu'ils assimilent à la Réforme, chacun pouvant interpréter le Coran, sans percevoir ce que l'auteur appelle le «potentiel révolutionnaire du réformisme» salafiste. Mieux, ils l'encouragent, y voyant un moyen de combattre le conservatisme d'Al-Azhar, la mosquée de référence du Caire, alors que ce qui se joue est la régénération «d'un islam sunnite engagé sur la voie d'une politisation qui s'épanouit au XXe siècle.»

La France en terre d'islam, de Pierre Vermeren, éd. Belin 432 pp., 23 €.