Mieux vaut tard que jamais. Ce matin, sur
France 2, dans les« 4 vérités », Jean-Claude Juncker a enfin
condamné le recrutement de son prédécesseur, José Manuel Durao Barroso, par
Goldman Sachs. À la question de Gilles Bornstein: « est-ce que ça vous choque », le
président de la Commission a sobrement répondu : « je ne l’aurais pas
fait », même si « Monsieur Barroso a respecté toutes les procédures
qui sont prévues ».
Il aura donc fallu plus de deux semaines pour
qu’enfin Jean-Claude Juncker cesse de se dissimuler derrière la langue de bois
de son porte-parole, Margaritis Schinas, qui a certes laissé entendre que
l’institution n’approuvait pas le comportement éthique de Barroso, mais sans le
dire franchement. On a du mal à comprendre les raisons d’une telle réserve,
alors même qu’en interne une grande partie des fonctionnaires européens sont
furieux de voir une nouvelle fois abimée, en plein Brexit, l’image de la
Commission, qui plus est par celui qui l’a dirigée durant dix ans (2004-2014).
Une condamnation franche et immédiate, comme
celle de François Hollande, le 14 juillet, qui a qualifié ce pantouflage de «moralement inacceptable», aurait pourtant été tout bénéfice et
surtout sans aucun risque politique, Barroso ne jouissant plus d’aucun soutien
en interne (cette pétition demandant des sanctions a déjà été signée par 3000 fonctionnaires) ou en externe, comme l’ont montré les réactions indignées dans son
propre pays d’origine, le Portugal. Juncker aurait, au contraire, tout gagné en
se montrant éthiquement irréprochable, lui à qui une partie de l’opinion
publique européenne reproche le « Luxleaks ». Manifestement, certains,
dans son entourage, ont clairement sous-estimé l’impact désastreux de cette
affaire Barroso, notamment en France, sans doute pour ne pas insulter leur
propre avenir. Dommage.