La Commission a engagé l'ancien commissaire Michel Barnier comme chef de file de ses négociateurs avec rang de directeur général, qui émargera, à partir du 1er octobre, autour de 17.000 euros par mois. Il peut déjà compter sur une adjointe (allemande) qui sera payée à peu près au même tarif et, dans un premier temps, sur une équipe d'une vingtaine de fonctionnaires. Soit une masse salariale minimale de 540.000 euros sur deux ans, durée minimale de la négociation une fois que l'article 50 du traité sur l'Union européenne aura été activé par le Royaume-Uni. Plus il tarde à présenter sa demande de divorce, plus la facture augmente. Mais le personnel impliqué ira bien au-delà : on estime à la Commission qu'environ 200 personnes travailleront, au moins à temps partiel, sur le Brexit, soit une masse salariale d'environ (on est à la louche : j'ai retenu un salaire moyen brut de 7000 euros mensuels) de 34 millions, des eurocrates distraits d'autres tâches bien plus importantes. Surtout, l'exécutif européen ne sera pas seul mobilisé par cette négociation : le Conseil des ministres et le Parlement européen ont aussi leurs équipes, toutes les institutions communautaires étant concernés par cette grande première qu'est le départ d'un État membre. Il en ira de même dans les Etats membres où des diplomates seront chargés de surveiller les négociations afin de s'assurer qu'elles ne nuisent pas à leurs intérêts. Las but not least : il faut ajouter à ces salaires tous les frais : téléphones, déplacements à Londres et dans les capitales européennes, hôtels, restaurants, etc. Une affaire qui coutera donc au bas mot 50 millions d'euros, sans doute plus, aux contribuables européens. En Grande-Bretagne, la facture de la préparation du Brexit, encore plus complexe de ce côté de la Manche, est estimée à 75 millions d'euros par an par le think tank «The Institute for government».
Certes, on peut faire valoir qu'il en va de même des négociations d'élargissement qui, elles aussi, mobilisent des moyens. Mais là, c'est très différent : les deux parties étant désireuses de s'unir, il est normal que l'Union supporte une partie des coûts. « I want my money back » clamait en son temps Margaret Thatcher, l'ex Première ministre britannique. Il est temps de lui rendre la monnaie de sa pièce : faisons payer à la Grande-Bretagne l'ensemble des frais de la procédure d'un divorce qu'elle seule a voulu et que cet argent soit affecté, par exemple, au programme Erasmus qui en a bien besoin !
N.B.: version mise à jour de mon éditorial paru le 26 septembre