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Passage en revues

«Les Cent Vingt Journées de Sodome» et le mystère de la Peste noire : deux longs formats à lire ce week-end

Chaque semaine, la rédaction du magazine «Books» décortique les longs formats des revues et des sites anglo-saxons. Morceaux choisis.
Flagellants faisant pénitence pendant la peste noire (1347-1352). Hartmann SCHEDEL, dans l'ouvrage «Liber chronicarum cum figuris et ymaginibus ab initio mundi», 1493. (Gallica)
publié le 15 octobre 2016 à 10h45

Sade, romancier de la bureaucratie

Quatre amis décident de vivre quatre mois de débauche, enfermés dans le château imaginaire de Silling, en Forêt-Noire. Ils emmènent avec eux quarante-deux «participants», dont des adolescents filles et garçons de douze à quinze ans qu'ils ont enlevés. Les viols et les tortures se déroulent suivant un règlement extrêmement strict, selon lequel chaque protagoniste a un rôle bien précis au sein d'une organisation hiérarchique. En haut de la pyramide, on trouve les quatre amis. En dessous, quatre proxénètes et quatre duègnes veillent à l'exécution des ordres. Sade raconte ainsi une expérience collective, dans laquelle un groupe exécute aveuglément des règles arbitraires. Plus d'un siècle avant Kafka, l'auteur des Les Cent Vingt Journées de Sodome peut être considéré comme «un des premiers auteurs majeurs de la littérature bureaucratique».

Source : Lapham's Quarterly, automne 2016, 22 200 signes. Auteur : Lucy Ives est poète et romancière.

A la source de la Peste noire

En six ans, la Peste noire a vidé l'Europe d'un tiers de sa population et a fait des millions de victimes en Asie. La bactérie responsable de la peste, Yersinia pestis, ne peut pas être la seule cause. La Peste de Justinien (du nom de l'empereur byzantin) qui a sévi huit-cents ans plus tôt, entre 541 et 767, avait également pour origine Yersinia pestis mais a été beaucoup moins meurtrière. La catastrophe survenue au XIVe siècle est sans équivalent. La bactérie aurait été apportée par les cavaliers de l'Empire mongol qui sillonnaient l'Asie centrale et propagée par les gerbilles mongoles et les puces des rats.

Source : Aeon, 10 octobre 2016, 23 700 signes. Auteur : Wendy Orent est anthropologue. Elle est l'auteure de The Mysterious Past and Terrifying Future of the World's Most Dangerous Disease (« Le Passé mystérieux et l'avenir terrifiant de la maladie la plus dangereuse du monde », Free Press, 2012).