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Libération
TRIBUNE

Philosopher, c’est pas sorcier ?

Cartes à jouer, de la série «D'après moi le déluge». (Photo Quentin Bertoux-Agence Vu.)
publié le 16 octobre 2016 à 17h41

Alors que Harry Potter et l'enfant maudit, huitième tome de la saga, vient de sortir en librairie, Marseille accueille, de lundi à samedi, la huitième édition de la Semaine de la pop philosophie sur le thème «magie et philosophie». Historiens, sociologues et philosophes qui pratiquent la prestidigitation en amateur ou en professionnel sont à l'honneur. «De saint Augustin à Hegel et au-delà, l'illusionniste reste peu ou prou l'usurpateur, l'imposteur de service, l'autre de la pensée autant que son double inquiétant», explique le philosophe-magicien Alain Poussard. Un improbable couple ? Passé défiance et malentendus, les liens existent bien entre la magie et la discipline de l'esprit. Et l'heure de la réconciliation a sonné entre ces deux objets a priori incompatibles. Comme en atteste Marianne Chaillan, enseignante en philosophie à Marseille, qui souligne la consistance philosophique du célèbre sorcier à lunettes. Selon elle, la saga Harry Potter représente un véritable rite initiatique à la lecture et à la pensée. Elle développe même sa propre éthique : éprouver sa finitude pour mieux apprendre à vivre.

La magie, un défi pour la pensée, par Alain Poussard

La prestidigitation est un art du visible brut qui se dérobe à l’intelligence analytique ou déductive. Il faut oublier l’assistante aguichante pour concentrer le regard sur les mains, les mains nues des grands maîtres qui travaillent sans bagage ni appareils. Scruter ce qui se joue là, à la surface des choses et des gestes.

Entre philosophie et prestidigitation, il est temps de rompre la glace de la méconnaissance mutuelle. Il faut dire qu'entre ces deux-là, les choses se sont mal engagées dès le début. Quand Platon convie le «faiseur de prestiges» à faire son entrée sur la scène philosophique, c'est pour y tenir le mauvais rôle.

«Harry Potter», ou apprendre à mourir, par Marianne Chaillant

Malgré les attaques qu’elle subit, la saga de J.K. Rowling, dont le dernier ouvrage est sorti vendredi en français, n’est pas qu’un divertissement. C’est aussi une philosophie.

Que vous soyez un sorcier ou un moldu (nom attribué, dans la saga, aux personnes n'ayant pas de pouvoirs magiques), vous ne pourrez pas y échapper : He's back ! Le jeune sorcier à lunettes le plus célèbre au monde, Harry Potter, est de retour sur le devant de la scène. Le 31 juillet, jour anniversaire de son héros, J.K. Rowling a offert à ses fans un merveilleux cadeau : la publication de Harry Potter and the Cursed Child - c'est ce livre qui est sorti en langue française vendredi (Harry Potter et l'enfant maudit).