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Libération
TRIBUNE

Non à l’intervention policière à Notre-Dame-des-Landes

Dans l’esprit de la marche pacifique du 8 octobre, des personnalités écologistes appellent à une sortie de crise sans violence ni autoritarisme.
par Yannick Jadot, Noël Mamère, Cécile Duflot, Eva Joly, Dominique Voynet, Ex-ministre et candidate des Verts à la présidentielle, Michèle Rivasi, Eurodéputée, candidate à la primaire de l'écologie, Karima Delli, Eurodéputée et David Cormand, Secrétaire national d'Europe Ecologie-les Verts (EE-LV)
publié le 20 octobre 2016 à 17h51

Manuel Valls a une nouvelle fois contredit lundi la ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, qui avait estimé la veille qu'il valait mieux «arrêter les frais» à Notre-Dame-des-Landes. Le Premier ministre a ainsi assuré que l'évacuation des opposants au projet controversé d'aéroport «devra évidemment se faire», confirmant ainsi qu'une intervention policière de grande ampleur est en préparation à Notre- Dame-des-Landes.

Nous lançons donc aujourd’hui un appel à la tranquillité dans l’esprit de la marche pacifiste qui fut la nôtre et celle de dizaines de milliers de citoyens et citoyennes le 8 octobre. La tranquillité, c’est la condition sine qua non de la sortie d’une crise qui a trop duré.

Il y a des deux côtés des individus qui n’attendent qu’un premier dérapage pour justifier les leurs. Nous ne voulons pas avoir à condamner a posteriori des actes de violence, nous voulons les prévenir. Dans l’expression «responsable politique», il y a le mot responsable.

Etre responsable, c’est trouver une issue à la crise autre que la violence, l’autoritarisme et la crispation. Et prévenir la violence, c’est tout d’abord respecter le temps légal. François Hollande s’était engagé en 2012 à une suspension des travaux jusqu’à l’épuisement des recours juridiques, or toutes les voies de recours n’ont pas encore été épuisées. La mise en demeure de la France par l’Union européenne pour son non-respect des lois européennes de protection de l’environnement et l’absence d’évaluation suffisante des impacts justifieraient d’ailleurs à elles seules d’abandonner ce projet.

Prévenir la violence, c’est aussi écouter les arguments des opposants. Ce projet est coûteux, d’un autre temps, celui du Concorde et des éléphants blancs à la gloire d’un Etat mégalomane. Une large majorité de Français l’ont compris et sont opposés à ce projet qui contredit dans les faits nos engagements dans la lutte contre le réchauffement climatique quelques mois après la ratification de l’accord de Paris.

Prévenir la violence, c’est enfin répéter que s’opposer à un projet d’aéroport pour protéger un espace naturel si important pour notre écosystème ne peut justifier le moindre acte de violence. Ce projet inutile ne mérite pas qu’à nouveau un citoyen amoureux de la nature ou un représentant des forces de l’ordre soit blessé, ou pire. Une mort comme celle de Rémi Fraisse à Sivens, il y a maintenant deux ans lors d’une charge de la gendarmerie, ne doit jamais se reproduire.