La notion d'hospitalité était au cœur de l'intervention (très politique) de l'anthropologue Michel Agier lors d'un colloque (engagé) organisé au Collège de France mi-octobre sur la crise des migrants. En s'emparant de ce sujet d'actualité, la vénérable institution souhaitait rendre plus audible la parole des intellectuels sur l'un des événements historiques majeurs vécus en Europe en ce début de XXIe siècle. Cet afflux de réfugiés tentant de rejoindre le continent européen au péril de leur vie est souvent désigné comme une «crise migratoire». Mais de murs en camps de rétention, de naufrages en bidonville, le phénomène semble surtout poser problème aux Européens. Comment accueillir ? Qui accueillir ? Combien ? Depuis le XIXe siècle, l'hospitalité est prise en charge par l'Etat, et il semble qu'aujourd'hui cette hospitalité publique se soit transformée en contrôle des indésirables. Il nous faut de nouveau réfléchir à ce principe et le réinventer, estime l'anthropologue Michel Agier. La jungle de Calais vient d'être évacuée, mais le sort des migrants n'en est pas pour autant réglé. La question se pose dans de nombreuses villes françaises, comme le montrent des élus lyonnais qui veulent repenser le système d'accueil des étrangers sans ressources.
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