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Analyse

Primaire : un réveil de la démocratie ?

L'importante participation électorale au primaire de la droite et du centre inaugure-t-elle un regain d'intérêt des citoyens ? Le débat est lancé entre la chercheuse Anne Muxel et la philosophe Myriam Revault d'Allonnes.

Une file d'électeurs, à Neuilly, le 20 novembre. (Photo Martin Colombet. Hans Lucas)
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Publié le 28/11/2016 à 19h06

Un succès populaire indéniable : plus de 4 millions d'électeurs aux premier et second tours de la primaire de la droite et du centre, ainsi que 8,5 millions de téléspectateurs lors du dernier débat télévisé. Cette réussite marque-t-elle pour autant une inflexion dans le champ politique? Est-elle une réponse, même partielle, aux difficultés de la représentation? Et, surtout, est-elle le signe d'un regain d'intérêt et de participation des citoyens? Pour Anne Muxel, chercheuse au Cevipof, la primaire permet aux citoyens de droite comme de gauche de faire un pas de côté tout en restant dans le jeu institutionnel, «de conjuguer les vertus de la démocratie directe aux nécessités de la représentation». Ainsi, elle confirme l'attractivité du modèle de la démocratie participative. Au contraire, pour la philosophe Myriam Revault d'Allonnes, si cette participation est le signe d'une appétence pour la politique, celle-ci demeure inégale. Pour elle, la primaire amplifie le processus d'hystérisation de la vie politique. Et surtout, «le vote ne suffit pas à faire démocratie».

Un retour de la politisation des Français par Anne Muxel
(directrice de recherches au Cevipof (CNRS/Sciences-Po)

Malgré la défiance qui les taraude, plus de 4 millions de personnes se sont rendues aux urnes. Cette primaire de la droite ouvre la voie à un nouveau type de participation, avec notamment le modèle de l’électeur stratège.

L’ampleur de la mobilisation à la primaire de la droite et du centre a confirmé le besoin des Français de dire leur mot et d’intervenir dans les choix et les décisions engageant le pays. Presque 4 300  000 électeurs au premier tour et un peu plus encore au second tour, soit environ 10 % du corps électoral, se sont déplacés. C’est nettement plus que la mobilisation suscitée par la primaire citoyenne de l’automne 2011, dont le succès avait pourtant déjà surpris. Cette mobilisation fait oublier l’abstention qui s’est pourtant exprimée avec force lors de tous les scrutins intermédiaires depuis l’élection présidentielle de 2012.