Tant de candidats pour si peu d’idées…
Voilà près de trente ans que les débats politiques sont en France animés par des oppositions davantage rhétoriques que par de véritables projets de société. Les mêmes mots et les mêmes propositions s'enchaînent et se répètent : notre pays est emprisonné dans la glace idéologique du XXe siècle.
Comme si le monde n'avait pas changé. Comme si notre planète et son écosystème n'étaient pas en danger. Comme si la IVe révolution industrielle et son tournant digital ne transformaient pas en profondeur le monde du travail. Comme si le capitalisme actionnarial du XXIe siècle avait quelque chose à voir avec le capitalisme industriel de «papa». Comme si nos démocraties n'étaient pas, sous nos yeux, en train de se défaire, sous l'effet de multiples fractures, sociale, territoriale et identitaire.
Alors que le monde anglo-saxon fait l’expérience douloureuse du rejet par ses peuples de la mondialisation néolibérale – qu’il a largement contribué à inventer – la droite française attend comme une divine surprise les années 80 et Margaret Thatcher…
Elle a d’ailleurs déjà donné à son désir de réaction et de défense des privilèges un nom, celui de François Fillon.
Bien évidemment, ce serait une erreur d'espérer d'elle des idées nouvelles, tant sa devise demeure au fond toujours la même : défendre l'ordre social existant, quitte pour cela à tout changer pour que tout reste pareil, comme le dit Tancrède dans le Guépard [de Luchino Visconti, 1963, ndlr]. Qu'importe que dans la France de 2016, 70% des enfants d'ouvriers soient à leur tour ouvriers et employés, prisonniers d'un destin social de plus en plus inéluctable. Le monde, pour la droite, est très bien comme il est : pourquoi vouloir le changer ?
La gauche, à l’inverse, ne peut se passer d’idées nouvelles : c’est sa raison de vivre et son oxygène. Elle a l’ambition de transformer la société et de réaliser l’émancipation des individus, non de préserver les acquis d’une minorité de privilégiés. Or, l’émancipation, le progrès humain et la justice sociale n’ont jamais progressé que grâce à la force des idées, et à la détermination d’hommes et de femmes à les mettre en œuvre. C’est grâce aux idées et à notre imagination que nous donnons une réalité à notre conviction la plus profonde : la liberté sans l’égalité n’est qu’une chimère.
Voilà pourquoi, plus que jamais la gauche ne peut de se contenter de la mélancolie, de la morale, ou de la bonne gestion.
Certes, la gauche agit. Elle agit au quotidien à travers les associations, les ONG, à travers les initiatives locales et l’inventivité de nos concitoyens.
Elle agit aussi, quoi qu’on en dise, au pouvoir ! La gauche gouvernementale l’a montré plusieurs fois depuis 2012 à travers la généralisation du tiers payant et de la complémentaire santé pour tous les salariés, le renforcement des services publics de l’éducation, de la police et de la gendarmerie, la mise en œuvre du mariage pour tous, le non-cumul des mandats…
Et pourtant, faute d’idée directrice et de vision du monde, la gauche de gouvernement s’est parfois lourdement trompée, comme ce fut le cas lors du débat navrant sur la déchéance de nationalité.
Pire, faute d’idée, la gauche perd la bataille des cœurs, des envies et des sentiments. Et cela, au moment même où l’extrême droite tend à imposer sa vision et ses thèmes, ses réponses et ses questions.
«Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres», disait déjà Antonio Gramsci. Si nous voulons éviter la prolifération des monstres, nous devons réinventer l'idée socialiste. Le socialisme du monde d'hier ne peut être celui du monde de demain. Le socialisme du XIXe siècle était l'enfant des Lumières, de la révolution industrielle et de la foi dans le progrès technique. Un nouveau socialisme doit aujourd'hui apparaître. Un socialisme qui, fidèle à la tradition de 1789, sera en mesure de répondre aux révolutions écologique, économique et numérique qui se présentent. Un socialisme qui pensera le retour de la puissance publique dans la mondialisation libérale et en Europe. Un socialisme qui imaginera les sécurités de demain dans un monde social de plus en plus volatil. Un socialisme qui refusera toujours d'opposer égalité et liberté, social et sociétal. Un socialisme qui sait que seul le respect et la promotion de la laïcité permettent à chacune et à chacun de partager un monde commun. Un socialisme qui reposera, plus que jamais, sur la promotion de services publics forts et puissants, piliers d'une République sociale et solidaire.
Tout le monde ne sera pas demain entrepreneur ou milliardaire, mais quelle importance ? Dès lors que chacun a le pouvoir et les moyens de devenir, par le travail et l’engagement, ce qu’il est et ce qu’il veut être.
Pour cela, nous, élus, participant au Mouvement pour la vie des idées et des alternatives, appelons tous nos amis de gauche à s’engager dans la féconde bataille des idées au lieu de se livrer à des guerres d’ego d’autant plus stérilisantes qu’elles ne se fondent plus sur un projet de société élaboré en commun.
Notre mot d’ordre, notre impératif est simple : démocratie. La démocratie d’abord, la démocratie surtout. Une démocratie qui a plus que jamais besoin d’être défendue, renforcée et approfondie. Parce que la démocratie n’est pas simplement une forme de gouvernement mais aussi et avant tout une forme de société, qui croit en l’égale dignité de chaque citoyenne, de chaque citoyen.
Tel est pour nous l’enjeu essentiel de la période qui s’ouvre, tel est le combat qui s’annonce et que nous allons avec vous, amis de gauche, mener.
En tant qu’élus, nous aurons demain à parrainer un candidat ou une candidate. Mais par-delà nos différences, nous voulons aussi, au côté de chacune et de chacun d’entre vous, engager un même combat culturel.
Voilà pourquoi, au cours de la campagne à venir, MOVIDA parrainera des idées. Vous aussi, rejoignez-nous, et parrainons, ensemble, les idées dont le monde a besoin !
Contact : contact@mouvmovida.fr
Premiers signataires
Matthias FEKL, Secrétaire d'État
Christophe SIRUGUE, Secrétaire d'État
Thierry MANDON, Secrétaire d'État
Sandrine MAZETIER, Députée de Paris, vice-présidente de l'Assemblée nationale
Bernard LALANDE, Sénateur de la Charente-Maritime
Marie RECALDE, Députée de Gironde
Parlementaires
David ASSOULINE, Sénateur de Paris
Alain BALLAY, Député de Corrèze
Dominique BAILLY, Sénateur du Nord, Questeur
Christophe BOUILLON, Député de Seine-Maritime
Martial BOURQUIN, Sénateur du Doubs
Isabelle BRUNEAU, Députée de l'Indre
Pierre CAMANI, Sénateur du Lot-et-Garonne, président du Conseil départemental
Françoise CARTRON, Sénatrice de la Gironde
Colette CAPDEVIELLE, Députée des Pyrénées-Atlantiques
Jacques CHIRON, Sénateur de l'Isère
Romain COLAS, Député de l'Essonne
Valérie CORRE, Députée du Loiret
Karine DANIEL, Députée de Loire-Atlantique
Françoise DESCAMPS-CROSNIER, Députée des Yvelines
Sandrine DOUCET, Députée de Gironde
Alain DURAN, Sénateur de l'Ariège
Olivier DUSSOPT, Député de l'Ardèche
Martine FAURE, Députée de la Gironde
Laurent GRANDGUILLAUME, Député de la Côte-d'Or
Eric JEANSANNETAS, Sénateur de la Creuse
Georges LABAZEE, Sénateur des Pyrénées-Atlantiques
Claudine LEPAGE, Sénatrice des Français de l'étranger
Martine LIGNIERES-CASSOU, Députée des Pyrénées-Atlantiques
Elisabeth POCHON, Députée de Seine-Saint-Denis
Régine POVEDA, Députée du Lot-et-Garonne
Joachim PUEYO, Député de l'Orne
Catherine QUERE, Députée de la Charente-Maritime
Jean-Yves ROUX, Sénateur des Alpes-de-Haute-Provence
Catherine TROALLIC, Députée de Seine-Maritime
Jacques-Bernard MAGNER, Sénateur du Puy-de-Dôme
Fabrice VERDIER, Député du Gard
Maurice VINCENT, Sénateur de la Loire, ancien maire de Saint-Etienne
Personnalités, élus et responsables socialistes
Jacques BASSOU, Député honoraire de l'Aude, président de l'agglomération de Narbonne
Cyril CHAPPET, Premier-adjoint à Saint-Jean-d'Angély, 1er fédéral de Charente-Maritime
Pierre FAYOL-NOIRETERRE, Conseiller municipal de Saint-Etienne
Joseph FERRARA, Conseiller départemental de la Loire
Baptiste FOURNIER, Conseiller municipal de Verrières-le-Buisson
Christine FREY, Conseiller régional d'Île-de-France, conseiller municipal du IIIe arrondissement de Paris
Robert GAIA, Député honoraire du Var
Emmanuelle De GENTILI, Conseillère exécutive de Corse, adjointe au maire de Bastia, 1re fédérale de Haute-Corse
Emmanuel GREGOIRE, Adjoint à la Maire de Paris, 1er fédéral de Paris
Pénélope KOMITES, Adjointe à la Maire de Paris
Frédéric LEVEILLE, Conseiller départemental de l'Orne
Marc-Pierre MANCEL, Ancien Conseiller régional d'Île-de-France, secrétaire national du Parti socialiste
Guillaume MATHELIER, Maire d'Ambilly
Dominique MONNERON, secrétaire fédéral de la Manche
Florent PIGEON, Conseiller municipal de Saint-Etienne
Thomas PUIJALON, Conseiller municipal d'Issy-les-Moulineaux
Remy REYBEROTTE, Maire d'Autun
David ROS, Maire d'Orsay, Président du groupe d'opposition au Conseil départemental
Nicolas SORET, Conseiller départemental de l'Yonne
Jean-Jacques THOMAS, Maire d'Hirson
Mickael VALLET, Maire de Marennes
Vincent VERON , 1er fédéral de l'Orne
Catherine VEYSSY, Vice-Présidente de la Nouvelle-Aquitaine, Maire de Cenac