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Libération
Passage en revues

Le marché du cheveu et l’enfer vénézuélien : deux longs formats à lire ce week-end

Chaque semaine, la rédaction du magazine «Books» décortique les longs formats des revues et des sites anglo-saxons. Morceaux choisis.
Lors du 7ème «Beauty and Spa Expo», à New Delhi, sorte de gigantesque Salon aux produits de beauté, le 28 juin 2016. (AFP)
par Margaux Vessié, De la rédaction de Books
publié le 4 décembre 2016 à 11h33

La culture marchande du cheveu

Il y a des marchandises qui poussent dans les champs, d'autres sur la tête. Dans son livre «Entanglement», que l'on peut traduire par emmêlement, l'anthropologiste britannique Emma Tarlo suit le voyage des cheveux des femmes indiennes et birmanes destinés à l'exportation. Ils arrivent en particulier sur la tête des femmes juives orthodoxe. Dès qu'elles sont mariées, il est d'usage qu'elles ne montrent pas leur chevelure en public. Elles portent une perruque. Lorsqu'en 2004, un rabbin israélien déclara impures ces perruques indiennes, plus d'un million de dollars de cheveux partirent en fumée. Ce n'était qu'une trêve. Le cheveu est aussi sujet à débat dans les communautés afro-américaines pour savoir si les extensions, une invention européenne, sont ou non acceptables. Un sujet politique, un marché mondial.

Descente aux enfers au Vénézuela

A la fin des années soixante-dix, le Venezuela avait le PIB par habitant le plus élevé d’Amérique du Sud. Et puis la «malédiction des ressources naturelles» s’est abattue sur le pays. L’élection du leader de gauche Hugo Chavez à la présidence en 1999 n’a pas endigué le délabrement de l’économie, suivi du délitement de l’État. Aujourd’hui, trois ans après la mort de Chavez, le pays est en lambeaux. Un indice : il possède le plus haut taux de criminalité du monde, mais seulement 2% des plaintes donnent suite à des poursuites judiciaires. La situation économique rappelle l’Allemagne des années 1930 : il faut faire la queue pendant toute la journée pour tenter d’acheter des denrées de base et parfois rentrer bredouille. Une valise entière de billets est nécessaire pour payer une nuit d’hôtel...

Source : The New Yorker, 14 novembre 2016, 67 000 signes. Auteur : William Finnegan est journaliste.