Les actes politiques provoquent toujours des conséquences à grande échelle. Le décret signé vendredi par Donald Trump, interdisant de séjour les ressortissants de sept pays (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen), affectent tout à la fois des familles, des réfugiés, des étudiants, des scientifiques, que des cinéastes et des artistes reconnus par-delà les frontières. Ce dimanche, le réalisateur iranien Asghar Farhadi, lauréat en 2011 d'un ours d'or pour une Séparation, et nommé cette année aux oscars pour le Client, a annoncé qu'il ne se rendrait pas à Los Angeles pour la cérémonie, le 26 février prochain, même si une exception pouvait être trouvée pour son cas. Hala Kamil, actrice syrienne du court-métrage Watani : My Homeland candidat à l'oscar du meilleur court-métrage documentaire, se trouve elle aussi interdite de territoire américain suite à la décision de M. Trump.
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Aucun pays, ni les Etats-Unis ni le nôtre, ne se montre parfait dans sa gestion des réfugiés et immigrés et son maintien des libertés publiques et droits individuels. Mais la France sait accueillir les cinéastes et artistes du monde entier, pour créer, tourner, montrer leurs œuvres, obtenir des financements ou trouver un public. Asghar Farhadi, Michael Haneke, Roman Polanski, Raul Ruiz, Luis Bunuel, ont tourné certains de leurs meilleurs films en France. Nous savons nous montrer curieux, ouverts, et offrir à des films aussi singuliers que Toni Erdmann, une Séparation, ou Winter Sleep des succès de fréquentation. Nous n'interdisons pas d'une seule signature de notre pouvoir exécutif l'entrée à des nationalités entières, sous couvert d'une peur du terrorisme qui cacherait bien mal un racisme inavoué. Nous osons espérer que nos prochains dirigeants politiques, même en des temps aussi troublés et inquiets comme ceux que nous vivons, n'appliqueront pas les idées et les actes de M. Trump sur notre territoire. En attendant, nous, amateurs de cinéma, de théâtre, chercheurs, archéologues, universitaires, étudiants, journalistes, citoyens concernés, devrions tous montrer notre amitié et notre solidarité aux artistes et créateurs empêchés de rentrer aux Etats-Unis.