Quelle est la situation de la Grande Île au sortir de la Seconde guerre mondiale ?
Durantla Seconde Guerre mondiale, la situation économique de Madagascar a étécaractérisée par l’effort de guerre en faveur de la métropole et ladétérioration des relations commerciales avec l’extérieur. Pour l’effort deguerre, la colonie doit fournir à la métropole des produits nécessaires àl’industrie de la guerre comme le caoutchouc et le graphite et des produitsalimentaires pour ravitailler les soldats sur le front. Cet effort incombeparticulièrement aux paysans malgaches, qui vont garder un mauvais souvenir decette politique. Pour les travailleurs salariés, ils sont astreints au régimede la réquisition afin d’alimenter en main-d’œuvre nombreuse les chantierspublics et les entreprises privées qui produisent pour les besoins de lamétropole. Concernant les relations commerciales, on assiste à une diminutionremarquable des échanges entre la colonie et la métropole. Cette situationprovoque à Madagascar une économie de crise et de pénurie, qui prive lesMalgaches de l’essentiel des produits de première nécessité importés comme letissu, l’essence et les produits alimentaires comme le sucre et la farine.
Ausortir de la Seconde Guerre mondiale, la situation économique de Madagascar estdonc mauvaise et fait souffrir la population dans son quotidien avec le manqueou l’insuffisance des produits de première nécessité. Elle fait développer, enconséquence, une frustration chez une bonne partie des Malgaches. En outre, surle plan social et politique, suite à la Conférence de Brazzaville dejanvier-février 1944, l’abolition du régime de l’indigénat et du travail forcéen avril 1946 favorise chez les Malgaches un esprit de contestation à l’ordrecolonial. Ainsi, aux mois de juin et juillet 1946, les concessions agricoles ouminières, les entreprises industrielles et commerciales ainsi que les chantierspublics se trouvent en proie à des mouvements de grèves qui ont pour objet derevendiquer une amélioration des conditions de vie et de travail des Malgaches.
C’est ce genre de mécontentement que les organisations nationalistes vontexploiter pour avoir l’adhésion des Malgaches. Sur un autre plan, l’octroi deslibertés démocratiques aux colonies constitue une occasion pour les Malgachesd’exprimer leur choix politique, notamment pendant les élections législatives organiséesen 1945 et 1946.
Quelles sont les revendications des mouvements politiques malgaches qui émergent à partirde 1946 ?
Durantla période de l’après-guerre (1945-1947), les mouvements politiques àMadagascar relèvent de deux catégories : les mouvements organisés ensociétés secrètes et ceux se présentant en partis politiques officiels. Pourles premiers, ils sont composés de deux groupes : le Parti NationalisteMalgache (PANAMA), créé en 1941 par Lucien Andriamiseza, un fonctionnairemalgache de l’administration coloniale ; et le JINY ou JINA (JeunesseNationaliste), créé en 1943 par Monja Jaona, un militant pour la cause despaysans malgaches. Ces deux organisations préconisent la lutte armée pourl’obtention de l’indépendance de Madagascar. Pour les seconds, ils sontcomposés des partis politiques constitués en 1946. Parmi ceux-ci, les plusnombreux revendiquent l’autonomie ou l’indépendance de l’île.
Le PartiDémocratique Malgache (PDM), créé en janvier 1946 par des personnalités dereligion chrétienne protestante, et le Mouvement Social Malgache (MSM), créé ennovembre 1946 par des personnalités proches du milieu catholique, réclament uneautonomie au sein de l’Union française et une indépendance progressive pourMadagascar. Le Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache, créé enfévrier 1946 à Paris par les deux députés malgaches de l’AssembléeConstituante, Joseph Ravoahangy et Joseph Raseta, et quelques intellectuelsmalgaches travaillant en France, réclame l’indépendance de Madagascar dans lecadre de l’Union française.
Le seul parti qui ne revendique pas l’autonomie oul’indépendance est le Parti des Déshérités de Madagascar (PADESM), créé en juin1946 par des personnalités originaires des régions côtières, comme PhilibertTsiranana, Pascal Velonjara et Félix Totolehibe. C’est un parti qui réclame lemaintien de Madagascar comme colonie française, car pour ses dirigeants, lesMalgaches, surtout les habitants des régions côtières, ne sont pas encore prêtspour l’indépendance.
Quelle est la place occupée par ces mouvements politiques dans les événements de 1947 ?
Cesont les deux organisations secrètes qui vont être à l’origine du déclenchementd’une insurrection armée contre la colonisation française le 29 mars 1947. Dansleurs actions, leurs militants encadrent les paysans qui continuent de souffrirdes pratiques abusives coloniales, comme la réquisition et le travail gratuitet obligatoire. Ce sont les paysans de la Côte Est de Madagascar, victimes desabus de l’administration et des petits colons français ou réunionnais, quirallient les sociétés secrètes car ils veulent se libérer de l’oppressioncoloniale et du régime de la colonisation.
Le parti MDRM, même s'il réclamel'indépendance, n'a pas participé directement à l'organisation du soulèvementnationaliste. Seuls des militants qui ne croient pas à l'obtention del'indépendance par une voie pacifique participent à titreindividuel dans l'organisation et l'animation de la lutte armée pourl'indépendance. Les deux partis autonomistes, le PDM et le MSM, ne se sont pasaussi impliqués dans l'organisation du soulèvement. Pour le PADESM, une partiede ses militants s'est engagée au côté des forces armées coloniales, enintégrant les rangs des milices de partisans, dans le mouvement de répressionde l'insurrection.
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