Monsieur Macron a largement inspiré la première version de la loi travail et en particulier ses dispositions sur le licenciement économique. L’ancien ministre de l’Economie a d’ailleurs vivement regretté qu’elles soient en partie abandonnées dans la version qui a finalement été adoptée à coup d’article 49.3 en juillet 2016.
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Aujourd'hui candidat à l'élection présidentielle, Monsieur Macron promet une loi travail XXL dès cet été. Une loi travail «puissance dix» à coup d'ordonnances, dans laquelle il est certain qu'il voudra mettre la modification du licenciement économique, mesure qui a été retirée de la loi El Khomri (article 30 bis de l'avant-projet de loi) : «L'appréciation des difficultés économiques, des mutations technologiques ou de la nécessité d'assurer la sauvegarde de sa compétitivité s'effectue au niveau de l'entreprise si cette dernière n'appartient pas à un groupe et, dans le cas contraire, au niveau du secteur d'activité commun aux entreprises implantées sur le territoire national du groupe auquel elle appartient.»
Autrement dit, une multinationale, pour procéder à des licenciements économiques en France, n’aurait plus à faire référence aux chiffres de l’ensemble du groupe, mais seulement aux chiffres de sa filiale française. Or, en ce qui concerne Whirlpool à Amiens toute l’activité vient du groupe et comme ce dernier a déjà transféré une partie importante de la production en Pologne, les chiffres de l’usine sont forcément mauvais !
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Nous, salariés de Whirlpool, adressons la question suivante à M. Macron : s’il est élu président de la République, fera-t-il adopter cette disposition qui faciliterait grandement le licenciement des 300 salariés de l’usine ? En effet, en 2016, le groupe Whirlpool a fait plus de 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires, plus de 1,3 milliard de dollars de résultat opérationnel et près d’1 milliard de dollars de profit net.
Aujourd’hui, le licenciement des salariés de Whirlpool, en vue d’une délocalisation inéluctable du site en Pologne, n’a donc pas de motif valable, puisque ce sont les milliards de profits du groupe Whirlpool qu’il faut prendre en compte. Mais demain, Monsieur Macron, si vous êtes à l’Elysée, permettrez-vous au groupe américain, malgré ses gigantesques bénéfices, de justifier la fermeture de notre usine par la seule chute des chiffres de l’entreprise française que Whirlpool aura lui-même provoqué en transférant notre production vers la Pologne ?
Monsieur Macron, vous vous êtes engagés, lors de votre visite, à nous rendre des comptes. Nous, et des millions d’autres salariés, attendons votre réponse.