Alain Badiou est un philosophe, il ne faut pas le regarder et en parler à travers un autre prisme. S'il fallait le ramener à un seul philosophe, ce serait Platon, et s'il fallait s'en tenir à un livre, ce serait le Théétète, où Socrate dialogue avec un jeune géomètre. Platon ne s'embarrasse pas de savoir comment on chemine vers l'absolu, comme les maths ne s'intéressent qu'à une chose : la vérité. Socrate, qui trace une voie, l'ennuie, Marx n'est pas assez philosophe à ses yeux, Kant est «hystérique», mais il passerait volontiers un été avec Descartes, le prince de la raison, et Hegel. Il faut admettre ce point de vue très haut placé, voire hautain, pour dialoguer. La quête d'absolu s'appelle, pour Badiou, la justice, et cette vision absolue balaye tous les soubresauts de l'histoire ramenant les morts à peu de chose. Lui maintient cette absence de limites, une vision d'en haut qui paraît proprement vertigineuse pour Laurent Joffrin, son interlocuteur.
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