Barbara est une (très) belle Italienne, fraîche et exubérante, naturelle, maman du petit Léonardo, 9 ans, qui a toujours été entouré d'homosexuels. On peut dire qu'elle était très ouverte à l'homosexualité, j'ai fini de la «formater» avec ma radicalité, lol. J'offre au petit le livre du dessinateur Gengoroh Tagame Le mari de mon frère (Éd. Akata). À cette occasion nous parlons d'homosexualité avec elle (un prochain post du Gay tapant étant l'interview de son fils). Le petit a connu mon couple gay dès sa naissance. À 5 ans, il était habitué à nous, il avait compris que j'avais un petit copain. Il a assisté à mon mariage gay (deux mois après l'application de la loi) dont sa mère était mon témoin. Ce fut son seul et unique mariage. Normal quoi !
Léonardo n’a jamais posé de question sur la manière de faire des enfants entre deux garçons. Cela est venu plus tard lorsqu’il a commencé à poser des questions sur comment on faisait des enfants : parler de la maman, de la semence… Il n’avait pas d’âge précis, c’est venu graduellement. «J’ai dû lui expliquer les choses physiologiquement», dit Barbara. Un jour il nous a fait un dessin, il croyait que c’était par la salive qu’on faisait des bébés, qu’on allait à l’hôpital et que les infirmières prenaient la semence du papa et la mettait dans le ventre de la maman. «C’est mignon, dit Barbara. On peut faire aussi directement» a-t-elle ajouté.
«Puis avec l'école, je ne sais pas comment cela s'est organisé mais, socialement, j'ai senti les règles qui se sont imposées. Parce qu'il a commencé à comprendre que la norme, par l'école ou je ne sais quel procédé, c'est homme/femme, femme/homme. Parce qu'à un certain moment lorsque j'étais avec un de mes amants réguliers {Barbara est séparée du père de Léonardo} et que ça ne marchait pas, je lui ai dit que j'allais chercher une copine. Il m'a dit «OK » au départ. Et puis, avec le temps, il a changé de comportement et m'a dit : «Ah ! non, je veux que tu sortes avec un homme !» Je lui ai demandé pourquoi. Pourquoi mes copains ils ont le droit et pas moi? Il m'a répondu : «Parce que pas toi !». Et c'est pareil pour son papa, il n'imagine pas du tout qu'il puisse être avec un homme. Et pourquoi ? Je lui demande : «Papa non plus.» C'est bizarre. Et je pense que c'est la pression à l'école, des choses sociales comme ça. Des comportements homophobes dis-je ? «Ben oui», me répond mon amie tendre, «c'est les normes, les normes de genre. Je crois qu'elles s'imposent malgré l'éducation libre. Lorsqu'il était enfant, je ne lui ai jamais dit : «Quand tu seras avec ta copine et tu marieras.» Je lui disais : «Tu te marieras avec un garçon ou avec une fille ?». Après, plus tard, il me dit que ce serait avec une Italienne comme moi, Hihi ! et maintenant, il me dit: «Comme toi comme toi ! Je veux une femme comme toi !» Lors d'un repas, confie Barbara, nous parlions de son meilleur copain de l'école et je lui ai demandé s'il pourrait être en couple avec lui plus tard. Il m'a dit ; «Je ne sais pas», puis il est passé aux filles. Comme quoi, même avec une éducation très libertaire…» Qui dit que ce n'est pas le poids social.
«Je lui ai toujours dit qu'il était précieux d'être différent des autres, de faire les choses à sa façon, de ne pas avoir honte. C'est mon principe de vie, faire ce que je veux sans que personne n'interfère. Quand je lui ai montré la couverture du livre de Tagame il a lu Le mari de mon frère et a trouvé cela très normal, le truc le plus banal du monde, ça ne pose pas de questions.