A mes amis qui ricanent sur l’émotion populaire - sauf les babyboomers comme moi qui pleurent leurs années de folie - à la vieille gauche qui voit le rocker réac, au premier rang des meetings de Chirac et de Sarko, je vais oser une brève ode à la France de Johnny. C’est celle qui aime le rock, l’Amérique des Harleys, le blues des Blacks, Elvis-le-pelvis de Memphis Tennessee, Hollywood. Qui n’est pas choquée par la défonce, l’alcool, le tabac (même avec au bout un cancer des poumons ), les divorces, les familles recomposées.
Une France qui a marché par millions après les attentats de 2015 contre les terroristes djihadistes, ceux-là qui mitraillent les fans qui vont à un concert de rock au Bataclan, qui tuent les jeunes qui boivent aux terrasses des cafés. Les terroristes ont la haine contre cette France qui aime le rock, l’alcool, les filles et les garçons qui font la fête ensemble.
Et bien cette France la, qui a rempli les plus grandes scènes du pays pendant un demi-siècle pour chanter avec Hallyday dit aux djihadistes d’aller se faire foutre. C’est la France qu’on aime.
Je rappelle que mes amis aussi ont ricané quand Johnny est venu à toute vitesse chanter «Un dimanche de janvier» sur la place de la République, à Paris, en hommage aux victimes des attentats terroristes de 2015. Et iJohnny a voulu chanter Le Chant des Partisans, symbole de la France résistante.
A cause de Johnny, la France trouve normal, en ce mois de décembre 2017, d’avoir, à la place des militaires du 14 juillet, bien ordonnés qui marchent au pas devant une tribune d’officiels, les bad boys en Harley défilant sur les Champs Elysées en désordre, dans la fumée des pots d’échappement et dans un bruit assourdissant. Un vrai bordel. Et en rock. Comme Johnny. Bruyante et douce à la fois.
Enfin, pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur ce peuple de fans chaleureux qui enterrent en chantant un symbole sympathique, sachez que la famille du rocker a refusé la présence de Le Pen à la cérémonie. Impeccable.
annette