«Les étudiants que nous accueillons à l’université n’ont pas une formation suffisante sur le raisonnement, la logique et l’esprit critique. En mathématiques, il faut du temps pour assimiler des notions complexes, il faut aussi du temps pour bâtir un raisonnement qui aboutit à une preuve alors que les élèves vivent dans la religion de l’immédiateté, incompatible avec les maths. S’ils n’ont pas trouvé la solution au bout de trois minutes, ils renoncent. Il est impossible de progresser en mathématiques dans ces conditions. Ils doivent apprendre la patience et la ténacité. Mais, de ce point de vue, nous nous battons contre une idéologie envahissante. Il faut faire un effort de conceptualisation, d’analyse pour trouver une structure sous-jacente commune à deux sujets qui, en apparence, sont différents : quels points communs y a-t-il entre l’addition et la multiplication ? Cela mérite une réflexion que les élèves ne sont plus en mesure de mener. L’enseignement secondaire pose, me semble-t-il, une autre difficulté : les très bons élèves sont repérés. Ce qui ne fonctionne plus, c’est l’identification de ceux qui sont bons et qu’il faudrait encourager.»
Interview
Gérald Tenenbaum, prof à l’Institut élie-Cartan (Lorraine) «Leur Apprendre la ténacité»
par Philippe Douroux
publié le 12 février 2018 à 20h56
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