Alors que les scientifiques ne cessent d’alerter sur l’effondrement de la biodiversité, alors que les Français témoignent de manière croissante de leur attachement à la protection de la nature, la région Ile-de-France pense opportun de choisir un loup, un ours et un requin, tous plus effrayants les uns que les autres, pour dénoncer le harcèlement sexuel.
On voit facilement le lien avec la peur du prédateur. Mais de quelle prédation parlons-nous ? Il y aurait donc un rapport entre le fait de manger de la viande et celui d’agresser sexuellement un tiers ? Qu’importent les efforts de dizaines d’années pour faciliter le retour puis l’installation de nos prédateurs en France. Qu’importent nos obligations vis-à-vis des conventions internationales. Qu’importe que les Français aient encore confirmé la semaine dernière à 84% leur souhait de voir renforcer les populations d’ours en Pyrénées.
Voilà une campagne qui va impacter des centaines de milliers d’usagers du métro francilien. Et rentrer dans le crâne de nos chers bambins pour y rester incrustée pour longtemps. Il va nous en falloir des années d’éducation naturaliste, des heures de pédagogie pour les ramener à la raison...
Dommage, il n’y a pas de sanction contre les «biodiverseptiques» comme il y en a contre les homophobes ou les racistes. Quand bien même, dire du mal d’espèces sauvages pour dénoncer l’acte abject et répréhensible qu’est le harcèlement, il fallait y penser. Massacrer une bonne cause pour en défendre une autre voilà une idée intéressante. Faire avancer la société d’une case sur un sujet, pour mieux reculer de deux sur une autre, est-ce pertinent ?
Qu’une agence de publicité n’ait aucune culture écologique relève d'un manque de professionalisme. Mais que des élus, en l’occurrence ceux de la Région Ile-de-France et sa présidente en tête, valident une telle campagne, est un évident manque de conscience politique.