Comme toute la région sénégambienne, la ville est marquée fortement par le commerce transatlantique des esclaves. Portugais, Français et Anglais sont des acteurs majeurs de la traite et le fait que le fleuve Gambie soit en partie navigable a permis aux esclavagistes européens de s'installer dans les terres. Ainsi les Français s'installent à Albreda et les Britanniques non loin de là sur l'ile James. Les musées locaux relatent ainsi la traite des esclaves et son impact sur toute la région.
ération des esclaves africains. Albreda, Gambie, mars 2018. Photographie par Vincent Hiribarren CC-BY-SA.
L'un de ces ferries se nomme le « Kunta Kinteh » (voir sa photo en haut). Ce nom dérive directement du roman de l'Africain-Américain Alex Haley Roots: The Saga of an American Family. Ce livre qui a connu un succès considérable aux États-Unis raconte l'histoire d'une famille d'Africains-Américains à partir de celle de leur ancêtre africain répondant au nom de Kunta Kinteh (pour les amateurs, une série televisée tirée du roman est sortie en 1977 et une nouvelle version en 2016). D'après ce roman historique, cet homme aurait été réduit en esclavage en Gambie actuelle et envoyé en Amérique du nord. Cette histoire tragique ainsi été l'occasion d'affirmer les liens transatlantiques entre la Gambie et les Etats-Unis et de nommer le ferry « Kunta Kinteh ». L'ile James, symbole de cet asservissement de la population locale a ainsi été renommée « Kuntah Kinteh » en 2011.
Tous les jours la ville de Barra se souvient donc de cette histoire douloureuse. La présence du fort Bullen rappelle d'ailleurs la suite de cette tragédie. Après l'abolition du commerce des esclaves par les Britanniques en 1807, ceux-ci ont construit un fort à Barra en 1826 pour dissuader les bateaux esclavagistes des autres nations de se livrer au commerce des esclaves. Ce fort qui fait à la fois face à la rivière Gambie et à l'océan Atlantique est aujourd'hui un autre marqueur architectural de la traite des esclaves et de leur abolition. Le bâtiment classé au patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO se visite et son musée rappelle la fin d'une période sombre.
Intérieur du fort Bullen construit par les Britanniques en 1826 pour lutter contre le commerce des esclaves. Photographie par Vincent Hiribarren CC-BY-SA.
Pourtant les aléas d'une visite de deux jours dans le port peuvent parfois être surprenants. À quelques mètres du Fort Bullen se situent des entrepôts abritant des pyramides d'arachides. En marchant dans cette zone portuaire, on peut voir que l'un de ces bâtiments n'est pas utilisé par des commerçants gambiens mais par les forces de l'ECOMOG. Cette présence militaire africaine s'explique par la chute de Yahya Jammeh en 2017 et la nécessité d'assurer la sécurité du port.
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