Est-ce qu’Eric Hazan voudrait bien nous montrer son «cul» ? Dans une interview qu’il a donnée en 2009 au fanzine libertaire Barricata, au journaliste qui lui demandait : «On peut évoquer ton parcours ?» Hazan répondait : «J’ai beaucoup montré mon cul ces temps derniers, dans des portraits. Je l’ai fait parce qu’il fallait le faire, mais là, entre camarades, je ne préfère pas, si ça ne t’ennuie pas.»
On en tirera la conclusion qu'on veut - sans doute qu'il ne nous compte pas totalement parmi ses camarades - mais presque dix ans plus tard, le vieil éditeur se prête encore à ce petit jeu. C'est qu'à nouveau il faut le faire : La Fabrique, sa maison d'édition politique, subversive, à gauches toutes, fête ses 20 ans. En deux décennies, Hazan et La Fabrique ont publié des textes d'Edward Said, grand humaniste et inspirateur des études postcoloniales, comme de Zygmunt Bauman, le théoricien de la «société liquide», ou de Daniel Bensaïd, l'intellectuel de la LCR. Les Luttes des putes (de Thierry Schaffauser), Féminismes islamiques (Zahra Ali) ou la Théorie du drone (Grégoire Chamayou). Delphy, Rancière, Lordon ou Badiou. Robespierre, Blanqui ou Walter Benjamin. Et beaucoup de Hazan, himself.
Des chemins de traverse
Il y a vingt ans, il s'était fixé deux objectifs. Le premier : ne publier que des textes «offensifs» qui «ne se limite