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17 mai : l’ORTF entre dans la danse

publié le 16 mai 2018 à 17h16
(mis à jour le 16 mai 2018 à 17h45)

On va vers le million de grévistes au fur et à mesure que les jeunes ouvriers, souvent d’origine paysanne, débrayent avec ou sans l’accord de la CGT, qui suit comme elle peut le mouvement. Tous les jours, désormais, Georges Pompidou réunit le matin son cabinet de crise avec Michel Jobert, Edouard Balladur, Jacques Chirac et les ministres concernés par le maintien de l’ordre. Il s’agit de limiter les conséquences de la grève sur la vie quotidienne et d’assurer la continuité de l’Etat. Avec l’accord tacite de la CGT, EDF continue à produire l’électricité sans laquelle rien ne pourrait plus marcher. Quand les salariés des PTT menacent d’occuper les émetteurs indispensables aux communications gouvernementales, le ministre avertit qu’il fera donner l’armée. Le projet est abandonné. Malgré la grève générale qui s’étend, l’Etat garde sa liberté de manœuvre.

Un instrument important va bientôt lui manquer : l'ORTF, jusque-là tenue en main par le régime. A la fin de la semaine précédente, un reportage de Michel Honorin sur le mouvement étudiant a été bloqué par la direction, nommée par le gouvernement et qui reporte directement au ministre de l'Information, Georges Gorse. Protestations, altercations, constitution d'un comité des journalistes qui publie un communiqué vengeur. Le lundi 13 mai, le compte rendu ridiculement partial de la grande manifestation au journal télévisé suscite une nouvelle protestation. Plusieurs syndicats des personnels de l'ORTF appellent à la grève. Le 17 mai, le personnel se réunit en assemblée générale au studio 15 des Buttes-Chaumont. Les deux tiers des présents votent la grève et s'attellent à la rédaction d'une plate-forme revendicative qui exige l'autonomie du service public de la télévision. Les non-grévistes assureront le journal télévisé. Au Quartier latin, on appose une affiche sur les murs : «A 20 heures tous les soirs, la police vous parle.»