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B.a.-ba du Sida : le traitement d'urgence de post-exposition au sida

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Vous avez fait l'amour sans capote ? Vous avez pris un risque ? En cas de rupture, de glissement, de non-utilisation de préservatif, de blessure ou de coupure avec un objet souillé de sang ou de sperme, de partage du matériel d’injection de drogues, vous pouvez suivre un traitement post-exposition (TPE) qui dure un mois et peut vous éviter d’être infecté par le VIH. On l’appelle aussi parfois «traitement d’urgence» ou «traitement prophylactique». Ce n’est pas le moment de paniquer, mais d’agir.
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publié le 25 juin 2018 à 17h54
(mis à jour le 27 juin 2018 à 16h19)

Le traitement post-exposition ou TPE

Le traitement d’urgence consiste en une prise d’une trithérapie pendant un mois afin d’empêcher l’éventuelle contamination en bloquant immédiatement la réplication du VIH. C’est d’autant plus efficace que ce traitement est commencé très tôt : si possible dans les 4 heures suivant l’exposition au risque, et de préférence avant 24 heures et au maximum dans les 48 heures.

Une fois aux urgences, inutile de donner trop de détails à l’accueil: évoquez un accident d’exposition au VIH (et le délai) et cela doit suffire à voir un médecin rapidement, 24 h/24. Aux heures d’ouverture (en journée), on peut aussi aller dans un service spécialisé VIH, souvent dans les services de maladies infectieuses et tropicales (SMIT).

Il est préférable de venir avec votre partenaire, ce qui facilitera pour le médecin l’évaluation du risque pris. Si votre partenaire est séropositif (ve), apporter ses derniers bilans sanguins.

DANS QUELLES SITUATIONS Y AVOIR RECOURS ?

Le TPE s’adresse à une personne qui risque une contamination par le VIH en cas de:

- Rupture ou oubli du préservatif avec un/une partenaire dont on ignore le statut sérologique mais dont on connaît la séropositivité,

- Partage ou réutilisation de seringue lors d’une consommation de drogue,

- Exposition au sang ou à un liquide biologique dans le cadre professionnel (piqûre accidentelle...) ou plus rarement privé, lorsque l’évaluation du risque montre que la personne a probablement été exposée.

Le TPE «doit être limité aux situations où le risque VIH est identifié ». (circulaire du 13 mars 2008)

LE TPE, POURQUOI ?

Je suis séropositif pour le VIH et j'ai eu une prise de risque avec un partenaire séronégatif : je voudrais lui éviter d'être contaminé…

Je suis séronégatif pour le VIH et j'ai eu une prise de risque avec un partenaire séropositif ou séro-ignorant : je voudrais éviter d'être contaminé…

Je suis ignorant de ma sérologie VIH et j'ai eu une prise de risque avec un partenaire comme moi, j'aimerais qu'aucun de nous deux ne soit contaminé.

QUEL DÉLAI POUR AGIR ?

Le TPE est une urgence.

«Le délai idéal pour la prise d’un traitement post-exposition est celui qui est le plus proche de l’instant de l’exposition au risque. C’est une course contre la montre.» (C. Piketty)

OÙ ALLER APRÈS UN RISQUE ?

Le TPE est une urgence et, comme tel, les personnes qui ont un accident d’exposition doivent donc s’adresser aux Services d’accueil et d’urgence des hôpitaux ouverts 24 heures sur 24 (SAU 24/24) qui ont la responsabilité de le prescrire.

En cas de prise de risque sexuelle, il est recommandé de venir aux urgences avec sa/son partenaire. Un test rapide peut être réalisé. En cas de test négatif pour les deux partenaires, un TPE n’est pas utile.

Si la séropositivité au VIH de l’un des partenaires est connue, le mieux est de se munir des derniers bilans médicaux et ordonnances, documents qui peuvent aider à la décision et à la prescription.

LE TPE EN PRATIQUE

Comment ça marche ?

Le TPE bloque la multiplication du virus et empêche sa dissémination donc la contamination. Plus ce blocage intervient tôt, plus la chance d’éviter la contamination est grande.

En effet, pendant les heures qui suivent une contamination par le VIH, le virus infecte les cellules cibles présentes dans les muqueuses (lymphocytes T CD4+, macrophages, cellules dendritiques...). Ces cellules migrent vers les ganglions lymphatiques les plus proches. De là, le VIH se dissémine très vite à l’ensemble des ganglions qui constitueront un important réservoir de virus, mais aussi à d’autres organes riches en cellules immunitaires comme la rate, le thymus et surtout l’intestin.

Une trithérapie

Le TPE associe trois médicaments antirétroviraux, deux inhibiteurs nucléotidiques de la transcriptase inverse et un inhibiteur de protéase.

Quand la personne est vue en consultation par un médecin des urgences, le traitement est prescrit pour une durée initiale de 2 à 4 jours. Les services d’urgence disposent de kits de traitement à cet effet. Une seconde consultation avec un médecin référent pour le VIH dans un service spécialisé évalue plus finement le risque encouru et le bien-fondé du TPE. Si celui-ci est poursuivi, le médecin rédige une ordonnance pour la suite du traitement qui dure au total 28 jours.

Quand la personne est vue en première consultation par le médecin référent, le TPE est d’emblée prescrit pour 28 jours s’il est jugé nécessaire.

Pour la bonne efficacité du TPE, il est important de prendre complètement les médicaments, jusqu’au bout des quatre semaines, en respectant les horaires spécifiés par le médecin.

Coût et effets indésirables

Les effets indésirables sont fréquents, surtout les premiers jours: nausées, ballonnements, maux de ventre, diarrhée, fatigue, maux de tête... Mais ils ne sont pas insurmontables, loin de là.

Certaines personnes décident d’arrêter le traitement en cours de route parce qu’elles ne supportent pas ces effets secondaires. Dans ce cas de figure, il ne faut pas hésiter à revoir le médecin qui peut modifier l’ordonnance et changer les molécules prescrites.

Le TPE coûte environ 200 euros ; il est pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Un traitement générique est disponible. Les consultations médicales et les examens sanguins sont remboursés à hauteur de 65-70 %.

QUAND EST-ON SÛR DE NE PAS ÊTRE CONTAMINÉ ?

Un premier test de dépistage du VIH est réalisé un mois après la fin du TPE. S’il est négatif, un dernier test est réalisé trois mois après la fin du TPE, afin de pouvoir affirmer définitivement la séronégativité.

En effet, si la contamination a lieu, la prise d’anti-rétroviraux perturbe le développement naturel de l’infection à VIH. C’est pourquoi il faut attendre aussi longtemps après la prise de risque pour être certain de ne pas avoir été contaminé.

QUELLE CONNAISSANCE DU TPE ?

Avoir accès à un traitement d’urgence n’est bénéfique que si les personnes y ont recours en cas de besoin donc si elles connaissent son existence.

Le pourcentage de Franciliens connaissant le TPE augmente, en particulier chez les jeunes.

Mais cette connaissance est encore très insuffisante.