Les relations sexuées des mots
Pour Claudie Baudino, politologue, le sexisme de la langue française installe et encourage la domination masculine. Pour cette linguiste, spécialiste des questions d'égalité entre les sexes, la transformation de la langue française est un passage obligé pour effacer les discriminations. Son propos : mettre à jour «les mécanismes de reproduction du sexisme de la langue, mais aussi les tentatives pour les renverser et mettre les mots au service de l'égalité entre les sexes.» A travers la question orthographique, l'ouvrage interroge le lecteur sur ses propres pratiques linguistiques. Chacun doit faire attention à la manière dont il parle et écrit. Tout au long de son essai, Claudie Baudino glisse une anecdote, un rappel historique ou une citation désarmante de bêtise - «La femme a été faite pour l'homme…», Adolphe Monod (1848) - ou d'intelligence - «On commence par céder sur les mots et on finit parfois par céder sur les choses», Sigmund Freud (1921).
La foule au secours de l’Etat
Face à la violence terroriste, une foule oppose son unité et la volonté de se reconstruire. Au cliché d'une masse désordonnée et impulsive, Denis Salas, magistrat et essayiste, propose dans la Foule innocente une autre vision de la société post-attentats. Témoin direct de l'attentat de Nice, le 14 juillet 2016, il décrit ce qu'il a vu à 22 heures et s'interroge sur le rôle de l'Etat en démocratie. Les actes de terreur remettent en cause le contrat social établi entre l'Etat et le citoyen fondé sur le sacrifice de la liberté contre une promesse de sécurité qui devient intenable. Le détenteur du monopole de la violence légitime se trouve paralysé face à un ennemi aussi insaisissable qu'omniprésent. Pour retrouver cette maîtrise de la violence et entamer le processus de réparation de foules, l'Etat a besoin de «la société civile et de l'espace médiatique». Denis Salas s'interroge sur les fondements même du contrat qui lie le citoyen collectif redevenu puissant à l'Etat découvrant son impuissance.