«Quarante ans après, je me souviens de sa voix posée, très claire, assez rapide, parfois enjouée. Tous les jours à 14 h 15, du lundi au vendredi, de 1976 à 1978, j'ai écouté Lorsque l'enfant paraît sur France Inter. Je n'en ratais pas une. A cette époque, il n'y avait pas d'émission de grande écoute consacrée à l'éducation des enfants. C'était une première, il y avait une attente formidable. Ce que j'aimais chez elle, c'était son sens des réalités. En tant que médecin, elle n'était pas que psychanalyste. Colères, caprices, pipi au lit, l'enfant qui ne dort pas ou qui ne mange pas, elle analysait tous les comportements de la petite enfance et en un quart d'heure, elle disait tout : des conseils précis, sages, réconfortants, faciles à appliquer. Des trucs pour coucher les enfants par exemple. J'ai essayé de suivre ses conseils, elle m'a sûrement aidée dans l'éducation de mes trois enfants : ne pas crier plus que l'enfant crie. Quand le parent commence à crier, c'est déjà trop tard.
«J’ai été une mère assez ferme, et je suis une grand-mère assez ferme - j’ai cinq petits-enfants -, exigeante sur les règles de politesse ou sur la tenue à table par exemple. Jamais, je n’ai été choquée par les propos de Françoise Dolto. L’enfant-roi ? Non ! Au contraire, elle a donné à l’enfant une place qu’il n’avait pas. Avant Dolto, l’éducation - que j’ai reçue - était "sois sage et tais-toi". Avec elle, on est passé à la compréhension de l’enfant. Or à partir du moment où on comprend l’enfant, on lui donne de la liberté.»