Tribune. Simon Roscoe Blevins, scientifique spécialiste des sols, Richard Roberts, restaurateur de piano, et Rich Loizou, instituteur, trois opposants aux gaz de schiste ont été condamnés à seize mois de prison le 26 septembre 2018 et ont été incarcérés. La justice britannique a frappé avec une violence inouïe trois personnes qui ont participé à une manifestation pour bloquer des camions de l'entreprise Cuadrilla dans la région de Blackpool au nord de l'Angleterre. Leur action s'inscrit dans la désobéissance civile et dans l'action non-violente. Depuis 1932, personne n'avait été condamné à des peines de prison aussi longues au Royaume-Uni pour des actions de défense de l'environnement. Ces condamnations sont inacceptables. Ce sont leurs idées que l'on veut détruire. Et cela, nous ne pouvons pas l'accepter. N'ayons pas peur des mots: Simon, Richard et Rich sont des prisonniers politiques.
Depuis des années, des milliers de personnes se sont mobilisées en Europe et aux États-Unis contre la fracturation hydraulique. Nous avons participé par nos documentaires ou nos actions à informer et à alerter nos concitoyens sur le danger de la fracturation hydraulique, technique utilisée pour extraire le gaz de schiste et montrer sa vraie nature. Aux États-Unis, les entreprises sont passées en force en réussissant à changer la loi sur l’eau. Il s’avère que la pollution des nappes phréatiques empoisonne des millions de personnes qui boivent l’eau du robinet ou de leur puits. Après des années de fracturation hydraulique en de nombreux endroits, les entreprises ont épuisé les réserves en eau indispensable pour continuer de forer. Le nombre de forages a détruit des centaines de milliers d’hectares de terres agricoles. La fracturation hydraulique entraîne des séismes. Les divers dégâts causés par cette technique sont visibles par tous, tous les jours. Seules les firmes en tirent des bénéfices. Mais plus grave encore, Donald Trump utilise ces énergies fossiles à des fins politiques. Les Etats-Unis peuvent assurer leur indépendance énergétique et c’est tout ce qui importe. Maintenant ce pays exporte des énergies fossiles. La hausse des températures, malgré les mensonges grossiers de Trump, est une réalité. Les Anglais qui viennent de connaître l’été le plus chaud de leur histoire le savent.
En France en 2011, face aux manifestations de masse qui se sont déroulées aussi bien dans les villes que dans la campagne, le Président Sarkozy a rapidement compris que les citoyens, quel que soit leur bord politique, n’acceptaient pas que l’eau soit polluée et que leurs territoires soient détruits. La fracturation hydraulique a été interdite par la loi.
Les grandes compagnies pétrolières américaines et européennes avaient choisi la Pologne pour faire flancher l’Union européenne. La machine à propagande s’est mise en branle. Tout a été mis en œuvre pour convaincre les Polonais et les Polonaises, que l’exploitation du gaz de schiste allait leur apporter de l’argent et l’indépendance énergétique. Le pays, selon les dires d’experts, avait plus de 400 ans de réserve dans son sous-sol. Autre argument massue: la Pologne allait enfin être indépendante de la Russie et de Gazprom. Les paysans de l’est du pays à la frontière avec l’Ukraine n’ont pas accepté d’être chassés de leur terre. À l’argent facile, ils préféraient garder une eau potable et continuer à vivre au sein de leur communauté. Leur détermination et les soutiens venus du monde entier leur ont permis de tenir. Peu à peu le gouvernement polonais a dû faire marche arrière. Les millions d’euros qui ont été investis au cours des premières étapes de l’exploration pour trouver du gaz de schiste ont atterri dans des portefeuilles et des comptes en banque que nous ne connaissons pas. Les compagnies pétrolières ont abandonné le terrain. L’exploitation du gaz de schiste, selon elles, n’était plus rentable. Leurs promesses se sont dégonflées comme des baudruches. Les rapports de leurs soi-disant experts étaient faux. Les paysans ont gagné et le climat aussi.
Aujourd’hui, le Royaume-Uni est le maillon faible. Les grandes entreprises le savent et elles espèrent pouvoir remettre un pied en Europe en forçant la porte laissée ouverte par Theresa May. Simon, Richard et Rich n’avaient pas d’autre choix que de monter sur ces camions. Nous aurions fait la même chose à leur place. Le Royaume-Uni, comme l’Union européenne a ratifié l’accord de Paris sur le climat en 2016. Theresa May est tenue de respecter ses engagements internationaux. En 2018, les Etats-Unis se positionnent comme une superpuissance du pétrole et du gaz, grâce à l’exploitation des pétroles et du gaz de schiste.
La lutte contre le réchauffement climatique et la défense de la démocratie passe avant tout. Mobilisons-nous pour obtenir la libération de Simon, Richard et Rich.