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Blog «Ma lumière rouge»

"je suis plus stressée car je suis préoccupée par l'avenir de mes enfants qui comptent sur moi"

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Témoignages de travailleuses du sexe suite à la pénalisation des clients
Manifestation de travailleuses du sexe lors de la conférence mondiale contre le sida, juillet 2018 (Robin van Lonkhuijsen)
publié le 18 janvier 2019 à 19h02

En partenariat avec la Fédération Parapluie Rouge, nous relayons les témoignages de travailleurSEs du sexe recueillis au mois de novembre 2018 sur l'impact de la pénalisation des clients sur les conditions de vie et de travail. Cette collecte de témoignages se déroule dans le cadre de la Question Prioritaire de Constitutionnalité actuellement en cours concernant la pénalisation des clients.

Les personnes dont nous relayons les témoignages sont issues de communautés variées de travailleurSEs du sexe : femmes cisgenres, transgenres, hommes cisgenres, transgenres, travaillant dans la rue ou sur internet, maîtrisant le français ou non, ayant un titre de séjour en France ou non. Le constat est encore une fois sans appel : la pénalisation des clients nuit aux travailleurSEs du sexe, quel que soit leurs modalités d’exercice, quel que soit le degré d’autonomie dont elles disposent dans leur activité, quelle que soit leur situation au regard du séjour en France. Pour des raisons de garantie d’anonymat, les prénoms ont été modifiés et nous ne publions pas l’origine du témoignage.

"J'ai moins de clients depuis le vote de la loi de pénalisation des clients. Je pense que j'ai perdu plus de la moitié de mes clients. On est à la campagne, tout le monde se connaît donc s'ils se font arrêter, tout le monde le saura. J'ai donc moins de revenus et je suis plus stressée car je suis préoccupée par l'avenir de mes enfants qui comptent sur moi. L'argent que je gagne me permet notamment de payer leurs études. On compte sur moi. Avant j'avais du travail en Espagne, j'ai travaillé dans des hôpitaux, dans des écoles mais avec la crise, j'ai perdu mon travail et mes revenus. D'autre part, j'ai constaté que mes clients me mettent plus la pression. Ils demandent avec insistance des relations sexuelles non protégées. Ils veulent tout faire pour 20€ car ils savent qu'on travaille moins qu'avant la loi"

Sophie